Ange-Félix Patassé, Jean-Pierre Bemba et Abdoulaye Miskine formellement accusés de crimes de guerre. La Fédération internationale des droits de l’Homme a saisi la Cour pénale internationale pour que ces trois hommes soient jugés pour les exactions commises en représailles à la tentative de coup d’état d’octobre 2002 à Bangui. Une première.
Le président de la République centrafricaine et chef des armées, Ange-Félix Patassé, le rebelle congolais Jean-Pierre Bemba et le mercenaire tchadien Abdoulaye Miskine sont tous trois officiellement accusés de crimes de guerre. La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a saisi, jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) et mis en cause la responsabilité de ces trois hommes dans les exactions commises en représailles à la tentative de coup d’Etat qui a eu lieu du 25 au 30 octobre 2002 à Bangui. Acte revendiqué par François Bozizé, l’ancien chef d’état-major des forces armées centrafricaines pour renverser le pouvoir d’Ange-Félix Patassé.
Face à la menace et militairement affaibli par les précédentes tentatives de putsch, le président centrafricain avait fait appel aux hommes du Congolais Jean-Pierre Bemba et à des troupes du mercenaire tchadien Abdoulaye Miskine. Les affrontements qu’ils ont menés alors constituent pour la FIDH une violation des lois qui régissent l’attitude des militaires en temps de guerre et qui sont inscrites dans les Conventions de Genève de 1949. De plus, après la retraite des rebelles, ces différentes forces, en reprenant le contrôle des territoires, auraient perpétré des crimes de guerres contre les habitants accusés de complicité passive avec les éléments de François Bozizé.
Plainte historique
» Une mission internationale d’enquête de la FIDH a séjourné du 25 novembre au 1er décembre 2002 à Bangui. Elle a recueilli les témoignages des victimes des exactions sommaires et a pu constater que des meurtres, des viols, des pillages, des maltraitances avaient été commis sur les civils « , indique un membre de la FIDH. L’organisation estime que l’absence de réaction des supérieurs hiérarchiques de ces forces, en l’occurrence Ange-Félix Patassé, Jean-Pierre Bemba et Abdoulaye Miskine, pour empêcher ou sanctionner de tels actes, engage la responsabilité individuelle pénale internationale de ces trois hommes.
La FIDH réclame depuis jeudi qu’un procès soit organisé par la CPI et que les coupables soient jugés. Outre l’importance politique du geste, le symbole est fort. C’est la première plainte formelle que reçoit cette juridiction depuis l’entrée en vigueur de son statut le 1er juillet 2002 et de la nomination des 18 juges la semaine dernière.
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Le site de la Cour pénale internationale