
Une nouvelle provocation du Ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau vient de provoquer une cinglante réplique du Ministère algérien des Affaires étrangères, avec l’expulsion de douze agents du Ministère de l’Intérieur français travaillant auprès de l’Ambassade et des Consulats de France en Algérie.
« Une provocation bien peu diplomatique » : c’est ainsi que l’on pourrait définir d’une litote la nouvelle saillie du Ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau, plus que tout soucieux de soigner son image algérophobe, lui qui espère récupérer les électeurs de Marine Le Pen lors des prochains scrutins, en surfant sur la récente condamnation pour détournement de fonds publics de la Présidente du Rassemblement National, de ce fait inéligible pour cinq ans.
Une arrestation au mépris de l’immunité diplomatique
Pour reprendre les termes mêmes du Communiqué du Ministère des Affaires étrangères algérien, « En procédant à une vulgaire arrestation d’un agent consulaire protégé par les immunités et privilèges rattachés à son statut et en le traitant de façon honteuse et indigne tel un voleur, il porte la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l’Algérie et la France au moment où celles-ci venaient d’entamer une phase de décrispation à la faveur de l’entretien téléphonique entre les Chefs d’Etat des deux pays, lequel a été suivi par la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères« .
Le rocambolesque et improbable enlèvement d’Amir DZ
Pour quels soupçons cet agent consulaire algérien à Créteil, dûment protégé à ce titre par les règles de l’immunité diplomatique, a-t-il été ainsi appréhendé en peine rue? L’affaire date de 2022 et elle est rocambolesque : il est « soupçonné » d’être impliqué dans l’affaire de l’enlèvement d’Amir Boukhors, alias Amir DZ, le 29 avril 2024, influenceur d’origine algérienne installé en France d’où il dénonce et critique avec virulence les dirigeants de son pays d’origine. Il avait alors prétendu avoir été victime d’un enlèvement par quatre hommes, dont deux portaient un brassard orange de police, selon son témoignage. Il aurait alors été conduit en Seine-et-Marne, drogué puis enfermé dans un conteneur pendant vingt-sept heures, avant d’être relâché dans un bois. Histoire difficile à digérer : ayant obtenu le statut de « réfugié politique » en France depuis novembre 2023, cet homme de 41 ans est par ailleurs visé par neuf mandats d’arrêt internationaux, notamment pour des faits d’escroquerie.
Retailleau champion de l’Algérophobie
Les soupçons se sont mués en certitudes dans l’esprit de Bruno Retailleau, pour qui « l’enlèvement est avéré ». Aubaine pour un ministre qui à défaut d’une marge d’action politique réelle en France, cherche toute occasion d’offrir une diversion flagrante à son inaction, par un rebondissement spectaculaire de son « bras de fer » nationaliste avec l’Algérie. Réponse instantanée du berger à la bergère : la République algérienne a répliqué coup pour coup par l’expulsion, parfaitement régulière dans les usages diplomatiques, de 12 fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur français, détachés auprès de l’Ambassade et des Consulats français en Algérie. Ainsi Bruno Retailleau sera-t-il privé de ses antennes en Algérie. Les hommes de l’Intérieur rentrent en France, c’est tout indiqué.
Il faut dire que, selon l’Agence France Presse, les charges contre l’agent consulaire algérien sont plutôt légères, puisqu’il ne doit cette suspicion qu’au seul fait que « son téléphone mobile aurait « borné » dans les environs du domicile de l’agitateur numérique Amir DZ« … Ce qui justifie que l’Algérie dénonce « une cabale judiciaire inacceptable« , clairement « destinée à torpiller le processus de relance des relations bilatérales« . Et en effet la sortie de Bruno Retailleau et la mise en scène de cette arrestation contraire aux usages diplomatiques n’ont probablement pas d’autre objectif.