Lors de son discours d’investiture, ce mercredi, Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il se « battrait pour le développement de l’Afrique ». Dans ses relations avec l’Afrique, son prédécesseur, Jacques Chirac, avait été critiqué pour son soutien à des chefs d’Etat peu enclins au libre exercice de la démocratie et l’appui de certains réseaux. Nicolas Sarkozy entend, lui, ouvrir une ère nouvelle.
Lors de son investiture, ce matin, au Palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’en terme de politique étrangère il ferait « de la défense des droits de l’homme et de la lutte contre le changement climatique les priorités de l’action diplomatique de la France. » Soulignant le désir des citoyens européens de se sentir protégés, il est ensuite revenu sur une idée qu’il a défendue tout au long de sa campagne, celle d’une Union de la Méditerranée qui serait l’une des clefs de la lutte contre le terrorisme islamiste : « Je me battrai pour l’union de la Méditerranée. En tournant le dos à la Méditerranée, la France a cru tourner le dos à son passé. En fait, elle a tourné le dos à son avenir. », a-t-il déclaré. Puis il a affirmé que le développement de l’Afrique sera l’un des objectifs de sa mandature : « Je me battrai pour le développement de l’Afrique, parce que le destin de l’Europe et celui de l’Afrique incontestablement sont liés. »
Tout de suite après les résultats de son élection, le 6 mai dernier, il avait aussi exprimé, à la salle Gaveau, son désir d’aider au redressement de l’Afrique, en déclarant qu’en collaboration avec les gouvernements du continent il comptait mener « une politique de développement ambitieuse ». Cependant, l’incertitude demeure sur la manière dont il compte s’y prendre pour faire de cet objectif une réalité et l’énergie qu’il y mettra. Et il faut se rappeler que lors de la conférence de presse sur la politique internationale qu’il avait tenue le 31 mars, à Paris, il avait clairement expliqué que l’Afrique ne serait plus une priorité : « nous redéploierons notre force diplomatique sur cette partie du monde qu’est l’Asie », car c’est une région qui a « un potentiel de croissance immense ».
Nicolas Sarkozy veut se démarquer de Jacques Chirac
Jacques Chirac qui, lors du dernier Sommet France-Afrique, avait fait une véritable déclaration d’amour à l’Afrique et rappelé ses « liens personnels » avec nombre de chefs d’Etat en place, s’est régulièrement fait le défenseur des intérêts du continent dans les instances internationales. Il a, par exemple, proposé une taxe sur les billets d’avion (UNITAID) pour aider à la lutte contre les grandes pandémies comme le sida. Toutefois, il n’a jamais attribué au développement 0,7 % du PIB de la France, comme le recommandait l’ONU…
Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a exprimé sa volonté de se démarquer de ses prédécesseurs, dont Jacques Chirac, dans la gestion si souvent critiquée des relations France-Afrique. Le 31 mars, il affirmait à ce sujet qu’il fallait les « débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés, notamment avec nos partenaires africains et arabes. » Son arrivée sonne-t-elle le glas de la Françafrique, des amitiés particulières, du soutien à des régimes violents et corrompus, de la cellule Afrique de l’Elysée qui, il y a deux semaines encore, entravait le travail de la Justice dans le cadre de l’affaire du juge Borel ? La plupart des journaux d’Afrique peinent à le croire et parient le contraire. Il sera en effet difficile, à supposer que la volonté y soit vraiment, de modifier des méthodes et un fonctionnement bien ancrés.
La question de l’immigration est l’un des sujets les plus sensibles qu’aura à traiter le nouveau Président de la République. Elle est aussi celle qui, la première, soulève l’hostilité à son égard de l’autre côté de la Méditerranée. Il a exprimé une position extrêmement ferme sur le sujet pendant la campagne électorale, en précisant toutefois qu’il souhaitait la régler en collaboration avec les pays d’émigration. La mise en place d’un réel dialogue et l’adoption d’un ton moins brutal de la part du premier des Français et de son gouvernement pourraient faire sensiblement progresser le règlement de cette question majeure.
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