Pascal Affi N’Guessan à Paris


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

A la veille des négociations de paix entre le gouvernement d’Abidjan et les différentes factions rebelles à Marcoussis, en France, le premier ministre ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, s’exprime devant la presse étrangère sur la position de son gouvernement. Ivoirité, crise économique, relations franco-ivoiriennes, mercenaires : tous les problèmes sont abordés. Les solutions restent à l’horizon.

Afrik : Allez-vous, lors de cette conférence à Paris, discuter du problème de l’ivoirité ?

Pascal Affi N’Guessan : Nous sommes venus avec une très grande ouverture et disponibilité d’esprit. Mais je ne sais pas si l’ivoirité est vraiment à la base des problèmes en Côte d’Ivoire. Je ne sais pas ce que c’est que l’ivoirité. L’ivoirité n’est pas une doctrine nationale reconnue et appliquée par tous. Elle a été appliquée par un certain parti qui n’est plus au pouvoir. Personnellement, je préfère me méfier de certains mots fourre-tout qui ont des connotations différentes selon les individus.

Afrik : On ne parle pas beaucoup de l’impact économique de cette guerre pour la Côte d’Ivoire…

Pascal Affi N’Guessan : La Côte d’Ivoire représente 40% du PIB de la sous-région ouest-africaine. 26% de la population est étrangère et donc des milliers de gens de la sous-région dépendent de son activité. Des sommes qui transitent par le port d’Abidjan dépendent l’économie du Mali et du Burkina Faso et toutes les difficultés qui nous affectent, affectent la sous-région. Nous avons donc le devoir de proposer des solutions à ce conflit et notamment un plan de reconstruction. Cela permettra de résoudre durablement cette crise qui provient surtout des problèmes de pénurie et de l’incapacité du gouvernement à faire face à ses charges. Depuis le départ des étrangers, à titre d’exemple, les hôpitaux sont vides à Cocody. Cela montre que les charges de l’Etat ivoirien vont d’abord aux étrangers. Il faut donc créer de la richesse pour relancer la croissance et pour que l’Etat puisse construire d’avantage d’hôpitaux.

Afrik : La France assure un rôle de force d’interposition sur le terrain et un rôle de médiateur dans les négociations. Avez-vous le sentiment que Paris répond à vos attentes ?

Pascal Affi N’Guessan : La France nous soutient totalement. Je voudrais remercier les autorités françaises de même que la communauté internationale. Elle a fermement et catégoriquement montré qu’elle n’est pas prête à accepter qu’une organisation prenne le pouvoir par la voie des armes. Le Trésor français dépense chaque jour des dizaines de milliers d’euros pour aider la Côte d’Ivoire à sortir de la crise. Nous sommes très sensible à toute cette solidarité.

Afrik : Comment expliquez-vous la manifestation hostile qui a accueilli le ministre français des Affaires étrangères français, Dominique de Villepin ?

Pascal Affi N’Guessan : Personnellement, j’ai eu à déplorer ce qui s’est passé. Monsieur Dominique de Villepin ne méritait pas ce qui s’est passé. Mais je pense que cela traduit l’état d’esprit de la population ivoirienne. Aujourd’hui, les Ivoiriens ne sont pas désespérés mais très éprouvés par cette guerre et très inquiets par rapport à leur avenir. C’était un appel au secours pour que les autorités de toutes origines sachent que derrière les négociations dans les salons, il y a un peuple qui souffre. C’est cela le sens qu’il faut donner à ce qui s’est passé.

Afrik : Dans le cadre d’un règlement du conflit, seriez-vous prêt à accepter des représentants des mouvements rebelles dans un nouveau gouvernement ?

Pascal Affi N’Guessan : Cela fait parti des prérogatives du président de la République. Si, pour aboutir à une paix durable, il pense que cela est nécessaire, c’est à lui d’en décider.

Afrik : On parle beaucoup du rôle des mercenaires, notamment libériens, dans cette guerre. Est-ce que votre gouvernement a lui-même fait appel à ce type de soldats ?

Pascal Affi N’Guessan : Les différents mouvements se nourrissent de soldats désoeuvrés et d’anciens combattants. Ces hommes sont une plaie pour la sous-région. Ce problème est un point important de la résolution de la crise ivoirienne. Ils pillent les villages et il n’est parfois même pas besoin de les payer pour les recruter. Si nous n’affrontons pas le problème de la réinsertion de ces mercenaires aujourd’hui, cela ne fera que repousser le problème et nourrir l’instabilité dans la sous-région.

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