En prévision de la sécheresse, le gouvernement namibien demande aux fermiers d’abattre leur bétail. Mieux vaut vendre la viande au plus vite avant que les bêtes ne maigrissent dangereusement. La nouvelle politique fait des mécontents chez les éleveurs et restreint le cheptel national.
« D’expérience, je sais que les fermiers ne sont pas enclins à vendre leur bétail. Nous les encourageons pourtant à le faire : il est préférable qu’ils les vendent maintenant plutôt que de voir leurs animaux mourir de la sécheresse. » Le docteur Vaino Shivute, secrétaire permanent du ministère de l’Agriculture, n’a pas parlé à demi-mot. Au risque de provoquer la grogne des éleveurs. La situation est grave en Namibie, où les pluies tardent à venir dans le Nord et dans l’Ouest. Le ministre lui-même, Helmut Angula, a évoqué en termes plus diplomatiques les » mesures draconiennes » à prendre pour éviter que les animaux ne pâtissent trop de la sécheresse. Mieux vaut vendre la viande destinée à l’export au plus vite, avant que les vaches et les moutons ne maigrissent dangereusement.
Du sang chaud pour l’abattoir
Une prime de 150$nm (16,2 euros) par tête est allouée aux éleveurs qui acceptent de conduire leurs bêtes à l’abattoir. C’est la Meatco, la compagnie nationale d’abattage, qui se charge du travail. » Cette année, nous enregistrons une hausse de 10% par rapport à l’an dernier. Dans la région de Caprivi, nous en avons abattu 1100 ce mois ci. C’est un gros chiffre. Il s’explique par la sécheresse qui ne s’arrêtera au plus tôt qu’en décembre dans les régions du Nord. Dans l’Ouest, ça s’est un peu ralenti. Les fermiers commencent à voir la fin de leur calvaire et les premières pluies… Seulement 300 bêtes ont été abattues « , explique H. Grobbler, responsable des régions du Nord à la Meatco. Pour autant, il sait que les profits record de sa compagnie n’auront qu’un temps…
Car s’il n’est pas difficile pour la Meatco d’écouler les stocks de viande aux commerçants sud-africains, angolais ou congolais, l’abattage massif de cette année va profondément entamer le cheptel namibien. » Nous craignons que la production ne s’en ressente l’an prochain « , assume H. Grobbler. Avec un total de 500 000 bêtes, les régions du Nord sont un vivier pour le pays. La Namibie a passé d’importants contrats avec l’Union européenne pour l’exportation de mouton et paierait cher de ne pouvoir les honorer. Au ministère, pourtant, le problème ne se pose pas en ces termes. » Même si nous avons besoin de notre cheptel, et même si les fermiers ont peur de vendre parce qu’ils considèrent leurs troupeaux comme un symbole de richesse et une façon d’assurer le quotidien, ils n’ont pas le choix. C’est ça ou voir leurs bêtes mourir de faim et de soif « , affirme, résigné, un responsable du service vétérinaire du ministère de l’Agriculture.
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