Pas de troisième guerre en RDC


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Fin d’alerte. Le RCD a repris sa place au sein des institutions de la transition au prix de pressions de toutes parts. Le soulagement ressenti à Kinshasa est malheureusement terni par la violence qui reprend de plus belle à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et quartier général du RCD.

De notre correspondant Octave Kambale Juakali

La troisième guerre tant redoutée dans l’Est de la République Démocratie du Congo (RDC) n’aura finalement plus lieu. Le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), l’ex-rébellion soutenue par le Rwanda a, au cours de sa réunion du mercredi, 1er septembre 04, décidé de reprendre sa place au sein des institutions de la Transition. Mme Gertrude Kitembo, ministre des PTT et rapporteur de la réunion a insisté sur le fait que « la décision de renouer avec les institutions de la Transition a été obtenue sur insistance de la communauté internationale et sous la garantie des engagements des différents partenaires de la transition, spécialement du Président de la RDC, à respecter scrupuleusement les termes de l’accord de paix signé à l’issue du dialogue intercongolais ».

La communauté internationale a, en effet, été pour beaucoup dans ce retour du RCD dans les rangs, à commencer par le chef de l’Etat sud-africain Thabo Mbeki, président en exercice de la Commission Politique, Défense et Sécurité de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) et médiateur attitré dans le conflit qui oppose les Congolais depuis près sept ans. Par un heureux hasard de calendrier, M. Thabo Mbeki s’est retrouvé à Kinshasa au moment où, sur le plan bilatéral, il devait effectuer une visite de travail, sur invitation de son homologue congolais, le Président Joseph Kabila alors que sur celui du suivi du processus de paix en RDC, une panne du processus venait d’enrayer la machine de la transition suite à la décision du RCD de suspendre sa participation aux institutions de la transition. Fort de la détermination de la communauté internationale de voir le processus continuer à tout prix, le Président sudafricain a dû donner raison et tort à toutes les parties en conflit afin de redémarrer la machine.

Le coup de baguette de Thabo Mbeki

Thabo Mbeki s’est totalement investi dans la crise congolaise. Sa présence à Kinshasa, l’espace d’un week-end, a mis tout le monde d’accord à la grande satisfaction du Comité International d’Accompagnement de la Transition (CIAT) qui, dans sa réunion du jeudi, 2 septembre 04, a tenu à rappeler à tous les acteurs de la transition « qu’il leur faudra, au cours des dix mois qui restent jusqu’à l’échéance prévue pour la tenue des élections, régler les problèmes de l’intégration et la restructuration de l’armée et de la police nationales en même temps que la mise en œuvre du programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, du règlement définitif du problème des groupes armés étrangers présents sur le territoire de la RDC, de la préparation et l’organisation des élections, et de l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ». Cela rejoint pratiquement le gros des revendications d’Azarias Ruberwa. L’Union Européenne était associée à la réunion à travers M. Aldo Ajello, son représentant spécial pour la région des Grands Lacs qui revenait justement de Kigali après avoir rencontré Azarias Ruberwa à Goma.

Retour sans panache

Ainsi se termine une crise qui a failli remettre en question tout le processus de paix en RDC. Le soulagement des Congolais est nettement visible à travers les rues de la capitale bien qu’un certain malaise demeure spécialement au sujet de la forme. Bien qu’en accord avec l’opportunité d’une réévaluation de la transition, revendication majeure de Me Azarias Ruberwa, le leader du RCD, bon nombre de Congolais acceptent difficilement que le vice-président de la République, chargé des questions de défense et de sécurité, ait transformé une mission d’inspection de routine dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, en une quasi-rébellion contre les institutions officielles auxquelles il appartient. « Le dénouement de cette crise donne l’impression que c’était une tempête dans un verre d’eau alors que la guerre était à nos portes, réagit Emery Kaninda, juriste. Ruberwa a pris la décision de retirer le RCD des institutions publiques après une visite à Kigali et à Bujumbura d’où il a tenu des propos hostiles au gouvernement en place à Kinshasa. Il y a, bien entendu eu, entretemps, les massacres de Gatumba. Azarias Ruberwa a directement attribué la paternité des massacres aux forces armées de son pays, prenant fait et cause pour le Rwanda et le Burundi qui menaçaient d’intervenir militairement au Congo. Cela ne rassure pas ».

Goma, coupe-gorge

La calme relatif observé à Kinshasa contraste avec la violence qui a repris dans l’Est du pays. Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu est devenue une ville coupe-gorge. En l’espace de deux semaines, cinq officiers ont trouvé la mort dans des circonstances suspectes, mais avec comme dénominateur commun des clivages ethniques locaux. « A Goma, nous ne sentons aucun effet du retour du RCD au sein des institutions, a répondu à IPS, Mme Christine Lubula de l’ONG, Umoja wa Wanawake wa Kivu (Union des Femmes du Kivu). Nous vivons toujours un régime de rébellion anti-gouvernemental qui ne dit pas son nom. Les soldats rwandais arrivent de Gisenyi quand ils veulent, commettent des exactions sur la population et repartent en toute impunité. Quand nous nous plaignons, on nous dit que c’étaient des Congolais rwandophones qui faisaient la patrouille ».

Un soldat pris pour un Rwandais, et dans tous les cas tutsi, a en effet été lapidé à mort à Kalembe, un des quartiers populeux de Goma, prétendument pour être entré par effraction dans une maison d’un civil. La population l’a maîtrisé et l’a lapidé jusqu’à ce que mort s’en suive. Quelques jours auparavant, c’est un grand hôtelier de Goma, M. Alphonse Lipambo, de tribu nande, qui était abattu dans la rue « par des militaires, non autrement identifiés ». Le général Obedi Rwibasira, commandant de la 8e région militaire, vient de prendre un premier train de mesures interdisant aux militaires non porteurs d’ordre de mission de circuler la nuit en treillis.

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