Le gouvernement de transition somalien a demandé aux civils de fuir certains quartiers de Mogadiscio en prévision de nouvelles offensives, lundi, alors que la capitale retrouve un calme précaire après quatre jours de combats. Depuis dix jours, 47 000 Somaliens auraient fui les pires affrontements que le pays ait connus en 15 ans. Ils auraient fait au moins 70 morts côté civil.
« Nous appelons les civils vivant dans des quartiers tenus par des terroristes à abandonner leurs maisons parce qu’il est possible que les troupes gouvernementales visent ces quartiers à tout moment », a prévenu lundi Salad Ali Jelle, le vice-ministre de la Défense du gouvernement de transition somalien, affirmant devoir nettoyer Mogadiscio des « éléments d’Al Qaida ». Les habitants de Mogadiscio avaient déjà commencé à quitter la capitale après qu’aient débuté jeudi dernier les plus violents combats que la capitale ait connus depuis 1991, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 47 000 personnes auraient fui en dix jours, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies.
Les quartiers auxquels le vice-ministre de la Défense fait allusion sont notamment ceux du Stade et d’Ali Kamin, situés au sud de la capitale. Jeudi et vendredi, ils ont été bombardés par les forces armées éthiopiennes, qui soutiennent le gouvernement. Ni l’artillerie et les chars éthiopiens ni l’armement lourd employé par les miliciens islamistes ne font la distinction entre civils et insurgés. Selon un décompte établi dimanche matin par l’AFP, à partir de témoignages et de sources hospitalières, au moins 70 personnes ont été tuées et des centaines blessées au cours de cette opération. Un enfant de 13 ans amputé d’une jambe a expliqué à l’agence AP comment sa maison a été éventrée par un obus alors qu’il faisait ses devoirs.
Le gouvernement se bat « contre des terroristes… pas contre les clans »
Les violences sont présentées par les journalistes présents à Mogadiscio comme opposant le gouvernement somalien allié à l’armée éthiopienne aux militants des Tribunaux islamiques appuyés par certains clans de la ville. Mais lundi, Ali Jelle a assuré que ses troupes se battaient depuis quatre jours contre « des terroristes, pas des milices de clans (…) Les Hawiye ne sont pas des terroristes », a-t-il ajouté, citant le plus influent des clans de la capitale somalienne.
Ahmed Diriye, son porte-parole, a annoncé dimanche une trêve qui n’a pas été respectée et que le vice-ministre de la Défense a considérée lundi comme « nulle et non avenue ». Ali Jelle a également démenti les informations du portail somalien Shabelle.net selon lesquelles une centaine de militaires éthiopiens étaient en route pour renforcer les alliés progouvernementaux dans la capitale.
La force de paix de l’Union africaine a enregistré samedi son premier décès lorsque l’un de ses hommes a été touché par des obus de mortier devant le palais présidentiel. Les 1 200 militaires ougandais de l’Amisom (mission de l’UA en Somalie) sont censés recevoir l’appui d’autres pays africains avant de remplacer les 4 000 soldats éthiopiens présents en Somalie. Ils devront aider le gouvernement de transition à asseoir son autorité dans le pays après avoir chassé les Tribunaux islamiques. Ce qu’il n’a jamais réussi à faire.