Les premières élections multipartites à Djibouti ont vu la victoire écrasante du parti présidentiel, qui remporte les 65 sièges du Parlement. L’opposition crie à la fraude et appelle ses partisans à manifester.
Les premières élections multipartites de Djibouti n’auront pas donné lieu à un grand changement. Vendredi 10 janvier, les quelque 180 000 citoyens inscrits sur les listes électorales – soit moins d’un tiers de la population – étaient invités à élire leurs députés. La totalité des 65 sièges du Parlement a été remportée, sans exception, par l’Union pour la majorité présidentielle (UMP, au pouvoir). Déception non dissimulée chez les partisans de l’opposition, dont les quatre partis s’étaient réunis sous la bannière de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD). Son chef, Ahmed Dini, a immédiatement dénoncé une » fraude » électorale et a appelé ses militants à manifester, lundi, dans les rues de Djibouti.
» Fraude » ou » difficultés «
» Les chiffres du ministère de l’Intérieur sont faux. Nous sommes en face d’un non-droit, d’un déni de justice. Ici, les gens sont pacifiques, mais on les pousse à bout « , a déclaré Ahmed Dini à l’AFP. Il affirme que son parti aurait remporté 22 sièges et s’insurge contre un » hold-up » électoral qu’il juge aussi bien politique qu’ethnique. Le chef de l’opposition, un Afar, pointe la victoire de la tribu présidentielle, les Issa. Pendant la campagne, il s’était déjà emporté contre un système de délivrance des cartes électorales qu’il jugeait partial. Il a également dénoncé le fait qu’aucune mesure fiable n’ait été mise en place pour éviter qu’une même personne ne puisse voter dans plusieurs circonscriptions à la fois.
Enfin, le système d’élection à un tour pourrait être à l’origine de ce résultat monolithique. L’opposition a été battue de justesse dans certaines circonscriptions. Au total, l’UMP n’a eu besoin que de 62,7% des voix pour s’allouer cette victoire écrasante. Les observateurs internationaux mandatés par l’Organisation internationale de la francophonie et la Ligue arabe n’ont, quant à eux, pas contesté la légalité du scrutin. Ils évoquent simplement quelques » difficultés » dans son déroulement.
Manifestation de protestation
La manifestation prévue lundi a d’abord été interdite par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. Abdoulkader Doualh Waïs s’y opposait jusqu’à dimanche, se justifiant dans une déclaration télévisée sur les » risques de troubles à l’ordre public « . Devant la détermination des militants de l’opposition, il a finalement donné son accord.
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