Dans le cadre du mois du documentaire organisé à Paris chaque week-end d’avril par le Cinéma des Cinéastes, le dimanche 23 avril est tout entier consacré aux documentaires algériens.
Les huit oeuvres choisies forment un kaléidoscope passionnant auquel la place et le destin des femmes, leur douleur, leur force de caractère, donne sa véritable cohérence. En fait, le regard porté sur la crise qui a secoué l’Algérie, et dont les derniers soubresauts défraient encore parfois l’actualité, est ainsi intériorisé : jamais voyeurs, jamais étrangers au drame qui se joue, ces films documentaires témoignent d’une rare maîtrise.
Chaque réalisateur apporte sa touche personnelle à ce portrait de l’Algérie contemporaine : avec Algérienne, 30 ans après, Ahmed Lallem par exemple retrouve certaines des jeunes lycéennes qu’il avait rencontrées en 1967-68, pour tourner Elles, documentaire où elles confiaient leurs espoirs dans l’avenir : il en ressort une vision juste des déceptions, des combats, des acquis, même provisoires, des attentes qui subsistent. Le beau documentaire de Florence Dauchez, Rachida, lettres d’Algérie, donne une autre image intéressante du quotidien d’une famille frappée de plein fouet par la crise de la dernière décennie.
Mais il n’y a pas que les femmes qui fassent preuve de courage : Djamila Sahraoui suit avec Algérie, la vie quand même, les jeunes hommes qui représentent aussi l’avenir du pays, entre chômage et célibat, violence absurde, combines pour survivre… L’exemple étonnant offert par Le Train de l’espoir, d’Abdelmadjid Selamna, contribue à donner une image positive d’un pays blessé, mais capable de panser ses plaies et de retrouver un équilibre social et démocratique Abdelkader est cheminot, et il a continué à mener chaque jour son train à destination, entre Alger et Oran, pendant la période la plus dure, malgré les sabotages, les attentats, les déraillements : il est l’incarnation d’une Algérie qui veut vivre, et dont la force vitale lui permet de faire taire ses démons.
Il faudrait aussi citer L’écho des stades, d’Abdelkader Ensâad, qui montre la place du sport dans la construction d’espaces collectifs de liberté et de parole, ou Douleur muette, d’Azzedine Meddour, qui suit le regard porté par les enfants d’Algérie sur les événements qu’ils vivent ou que vivent leurs parents, ou encore Ici ou là-bas, de Diden Zegaoui, le plus récent de tous les documentaires présentés, qui revient sur l’image décalée que peuvent avoir de jeunes beurs sur leurs propres parents, écartelés entre deux cultures, deux terres, deux destins.