La Fête de l’artisanat du Mali célèbre sa 4è édition. Jusqu’au 3 octobre, les Parisiens auront la possibilité d’acheter une multitude de produits artisanaux made in Mali. Interview de Gaoussou Fofana, président de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali, qui veille au bon déroulement de la manifestation.
C’est la quatrième édition de la Fête de l’artisanat du Mali à Paris. Jusqu’au 3 octobre prochain, 25 stands chamarés se sont installés dans la rotonde de la Bourse de commerce de Paris. Tente traditionnelle, coiffeuse et dégustations culinaires animent le lieu, à côté de centaines d’articles de création artisanale : bijoux, batiks, cuirs, objets de récupération, perles, encens… Entre autres. Gaoussou Fofana, président de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), observe avec contentement le va-et-vient des curieux et potentiels acheteurs. Selon lui, cette édition est la meilleure qui ait été organisée jusque-là.
Afrik : Que pensez-vous de cette 4è édition ?
Gaoussou Fofana : Les artisans maliens démontrent ici leur maturité. Par rapport à la première édition, il y a eu une grande évolution. J’ai aujourd’hui un sentiment de fierté et de satisfaction.
Afrik : Qu’en attendez-vous ?
Gaoussou Fofana : Nous sommes venus en France avec plusieurs objectifs. Nous avons participé à la première foire-exposition de Montreuil, co-organisée par la mairie et l’Association des Maliens de Montreuil, ce qui nous a permis d’ouvrir une nouvelle voie d’écoulement de nos produits. Nous avons été présents à la foire-exposition de Marseille. Enfin, dans le cadre de notre présence à Paris, nous venons de signer une Convention avec l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers française, qui va déboucher sur un programme de 4 milliards 650 millions de F FCA. Une convention qui prend vraiment en compte les demandes des artisans maliens.
Afrik : Parlez-nous de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali, que vous présidez.
Gaoussou Fofana : Au Mali, les artisans ont été marginalisés pendant longtemps. Leur travail n’était pas reconnu. Il fallait qu’ils s’auto-organisent. C’est ce que nous avons fait en créant d’abord un regroupement, puis une association. En 1992, pour être reconnus au niveau national, nous avons créé la Fédération nationale des artisans du Mali, la Fnam, dont j’ai été le vice-président pendant 6 ans. En 1991, pendant la transition politique, toutes les corporations du pays ont été amenées à exprimer leurs besoins. Nous, notre objectif était de mettre en place des Chambres de métiers, pour nous rapprocher de l’Etat. Car les Chambres sont des établissements publics à caractère professionnel, ce qui permet d’obtenir des subventions et des appuis institutionnels. Le Mali compte 52 cercles et 6 communes. La loi dit que chaque cercle et commune a le droit de compter une Chambre. Dans chaque chef-lieu des 8 régions du pays, les différentes Chambres se regroupent pour former une Conférence. Puis les Conférences se retrouvent au sein de l’APCMM.
Afrik : Quel est le rôle de cette Assemblée permanente ?
Gaoussou Fofana : C’est l’instance suprême de l’artisanat au Mali. Elle doit donc organiser le secteur. En mettant les artisans en associations, en unités de production, en groupes d’intérêt économique et en PME (petites et moyennes entreprises, ndlr). Elle fait aussi le répertoire des métiers et organise la formation professionnelle par l’apprentissage. Elle s’occupe également de la promotion de l’artisanat afin d’écouler correctement les produits.
Afrik : Vous parlez de PME, mais le Mali en compte encore peu en ce qui concerne l’artisanat…
Gaoussou Fofana : C’est vrai. Mais grâce à la convention signée avec la France, nous allons mettre en place un Centre de formalisation des entreprises artisanales qui facilitera le financement des PME. Le Mali compte des milliers d’ateliers qui tournent avec quelques apprentis. Il faut les formaliser pour les rendre plus compétents et les sortir du domaine de l’informel.
Afrik : Et au niveau de la formation des artisans ?
Gaoussou Fofana : Dès 1989, nous avons mis en place la formation en alternance. Pendant 6 mois, l’apprenti travaille dans un atelier et vient une à deux fois par semaine dans un centre de formation, public ou privé, pour compléter ses connaissances théoriques. L’artisanat est une force économique pour notre pays. Je dirais même plus : l’artisanat est indispensable pour le Mali ! Nous avons 171 corps de métier répartis en 7 catégories : alimentation, bois, habillement, bâtiment, métaux, arts, hygiène corporelle… bref, que des choses qui servent à vivre !
Le Mali à Paris, Fête de l’artisanat du Mali, du 28 septembre au 3 octobre
Exposition-vente de 11h à 20h à la Bourse de Commerce de Paris – 2, rue de Viarmes 75001 Paris.