Une quarantaine de groupes a défilé, ce samedi, dans les rues de Paris. A l’initiative de la Délégation générale à l’Outre-mer de la Mairie de Paris et de la Fédération du Carnaval, Antillais, Guyanais, Réunionnais, Brésiliens… ont mis leurs traditions carnavalesques en partage et drainé plusieurs milliers de personnes dans leur sillage.
Sous le beau ciel d’été, ce samedi après-midi, à Paris, submergés par les riffs des trompettes et des trombones, le groove déversé par les enceintes des chars richement décorés, les rythmes endiablés des « tanbou a mas », l’on se serait cru à Pointe-à-Pitre, Cayenne, Fort-de-France ou Rio de Janeiro un jour de mardi gras. Quarante-quatre groupes de carnaval, essentiellement antillais et guyanais, parés de leurs plus beaux déguisements, étaient venus défiler de la Place de la Bastille à la Porte Dorée. Pour Teddy Lacroix, vice-président martiniquais de la Fédération du Carnaval, cet événement est l’occasion de « faire savoir aux autres communautés qu’on existe. C’est aussi pour nous, qui sommes originaires de l’Outre-mer, une occasion de nous retrouver, et de faire la fête ! ».
La tradition du carnaval, très vivace dans la Caraïbe et en Amérique latine, semble connaître dans sa version tropicale un formidable développement dans l’Hexagone. « Toute l’année on fait des carnavals en France, nous a confié Teddy Lacroix. En région parisienne, il y a les carnavals de Rosny, Dugny, Créteil… mais Paris, c’est l’apothéose ! » Un sommet auxquels ont été conviés des formation évoluant en France métropolitaine, tels que Miyo ou Mo isi mo ròt bò, ainsi que des groupes venant directement de Martinique, de Guyane et de Guadeloupe, comme Restan La et Mass Moul Massif.
Un événement international
Mais ce rendez-vous a largement dépassé le cercle des caribéens et des ressortissants de l’Outre-mer francophones puisque, parmi les quelque 2000 participants officiels – ils étaient bien plus nombreux à défiler effectivement –, figuraient aussi des associations de Brésiliens vivant en France et des groupes venus du Danemark (Dunkelfolket) et d’Angleterre (Yaa Asantewa).
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont massées sur les trottoirs parisiens pour les voir défiler sur l’avenue Daumesnil, dans une ambiance chaleureuse et bon enfant. Les organisateurs craignaient des débordements violents, comme il y en a eu au cours d’éditions précédentes, mais aucun incident majeur n’est venu troubler cette belle fête. Un jury, présidé par le comédien Jean-Michel Martial a observé et écouté les groupes avec attention. Après délibération, il leur décernera 13 prix dimanche.
Pour Teddy Lacroix, vice-président de la Fédération du Carnaval, cet événement est une grande source de satisfaction. Mais quelques efforts restent à faire. D’une part, sur le plan de la préparation qui, selon lui, devrait commencer bien plus tôt chaque année. Et d’autre part, du point de vue financier. Aujourd’hui, le Carnaval Tropical de Paris est financé par la Mairie de Paris. Dans les années 80, un président d’association, Maurice Jallier avait initié Le Carnaval Antillais de Paris, une manifestation qui n’a pas survécu à son départ au début des années 90. Après une tentative de reprise infructueuse par l’association ARDTA, la Mairie de Paris par l’intermédiaire de la Délégation générale à l’Outre-mer est devenue le financeur de l’événement. Pour Teddy Lacroix, il faudrait qu’à terme « la Mairie de Paris ne soit plus le seul financeur », et que plus d’investisseurs privés y prennent part, afin de pouvoir rivaliser un jour avec le célèbre Carnaval de Notting Hill.
