Restée secrète jusqu’au dernier moment, la visite à Alger, le mercredi 8 décembre, du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait pour objectif d’apaiser les relation entre la France et l’Algérie. Son entretien avec le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a, selon lui, permis de renouer un lien de confiance qui avait été perdu après les propos du Président Emmanuel Macron sur la « rente mémorielle ».
Début octobre, les relations entre la France et l’Algérie se sont subitement dégradées à la suite de propos tenus par le Président français, Emmanuel Macron, lors d’un échange informel avec des jeunes issus de familles françaises ayant des origines algériennes. Il y dénonçait le fait que la nation algérienne post-1962 s’était construite sur une rente mémorielle entretenue par le système politico-militaire à partir d’un discours axé sur la haine de la France. L’Algérie avait alors dénoncé une ingérence inadmissible coupant toute discussion diplomatique avec l’ex-puissance coloniale.
C’est donc en terrain miné qu’arrivait Jean-Yves Le Drian, mais avec un agenda bien compris des deux cotés de la Méditerranée, car l’interdépendance des deux pays reste trop forte pour maintenir longtemps une situation de brouille. L’entretien entre le ministre français des Affaires étrangères, son homologue Lamamra et le Président Tebboune a donc été long et chaleureux, montrant publiquement le réchauffement des relations bilatérales entre les deux pays.
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Les déclarations du ministre français, à l’issue de cette rencontre, sont très claires, évoquant la nécessité de « renouer une relation de confiance entre nos deux pays, une relation marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat, qui est indispensable. La France et l’Algérie ont des liens profonds, animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une histoire complexe« .
Les sujets liées au terrorisme et à la situation au Mali et en Libye où le rôle que jouera l’Algérie sera déterminant ont aussi été évoquées ainsi que les questions migratoires car, « au-delà des blessures du passé, que nous devons regarder en face, au-delà des malentendus, qu’il nous revient de dépasser, je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée et puissent regarder vers l’avenir« , a précisé le diplomate français.
La prochaine étape sera le retour à Paris de l’ambassadeur Mohamed-Antar Daoud qui avait quitté l’Hexagone en réaction aux déclarations d’Emmanuel Macron et la réouverture de l’espace aérien aux avions militaires français, fermé pour les mêmes raisons. Il est à noter que les tensions actuelles entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara Occidental sont sans aucun doute aussi une des motivations d’Alger de se rapprocher de nouveau de Paris.