Sans nouvelle de l’otage français Michel Germaneau détenu par Al-Qaïda au Maghreb islamique au Mali, la France et la Mauritanie ont mené jeudi un raid militaire. Bilan : six islamistes morts et pas de trace de l’otage.
Fini la diplomatie, place au raid. Toujours sans preuve de vie de l’otage français Michel Germaneau, la France et la Mauritanie ont tenté de le libérer par la force jeudi. Sans succès. L’otage n’a pas pu être identifié lors de cette opération. « Une première », selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po Paris et auteur du livre Les Neuf Vies d’Al-Qaida. La branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi) menace d’exécuter l’otage de 78 ans le 26 juillet, si elle n’obtient pas d’ici là la libération de plusieurs de ses prisonniers. D’après Rue 89, les responsables de l’opération se sont trompés sur le lieu de détention de Michel Germaneau.
Le ministère français de la Défense indique ce vendredi dans un communiqué que « des moyens militaires français ont apporté un soutien technique et logistique à une opération mauritanienne destinée à prévenir une attaque d’Al-Qaïda au Maghreb islamique contre la Mauritanie ». Le but officiel de l’opération était de « neutraliser le groupe de terroristes et de faire échec au projet d’attaque contre des objectifs mauritaniens ». Mais un médiateur malien, impliqué dans de nombreuses libérations d’otages européens dans la région, a affirmé qu’il s’agissait bien d’une tentative pour libérer l’otage français. Le lieu d’intervention serait en effet à 170 kilomètres de la frontière mauritanienne. « Pourquoi Nouakchott se serait-il senti visé à une telle distance ? », s’interroge Rue 89.
L’Espagne craint pour la vie de ses otages
L’opération a tué au moins six terroristes armés dans une base du désert au nord du Mali. Selon le quotidien espagnol El Mundo, des troupes d’élites françaises ont mené le raid avec l’appui logistique et technologique des États-Unis. Cette opération a suscité « l’inquiétude » de l’exécutif espagnol, souligne El Pais. Madrid a exprimé son désaccord auprès des autorités françaises sur ce raid qui met en danger deux otages espagnols toujours retenus par Aqmi, qui opère dans une zone désertique aux confins du Niger, du Mali, de la Mauritanie et de l’Algérie. En juin 2009, les islamistes avaient exécuté Edwin Dyer, un touriste britannique enlevé six mois plus tôt, Londres ayant refusé de céder au chantage des ravisseurs. C’est sans doute avec ce précédent à l’esprit que Nicolas Sarkozy, sans nouvelle de l’otage, s’était dit « très inquiet » sur son sort lors de son intervention télévisée du 12 juillet.
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