Avec Le Poisson de Moïse, Habib Tengour creuse l’intérieur du mal. Son héros : un islamiste algérien en quête d’apaisement. Un combattant fatigué qui a cherché en Dieu la clef de ses angoisses. De Peshawar à Paris, sur les traces d’un homme qui voudrait s’oublier.
Livre tendancieux. Le Poisson de Moïse, ou comment Mourad, jeune étudiant algérien, se retrouve moudjahid en Afghanistan. Aventurier à Peshawar. Islamiste à Paris. Parcours d’un antihéros attachant. Mourad est-il un salaud, comme aime à le dire la femme qu’il a abandonnée pour rejoindre les réseaux islamistes ? Un fils indigne, comme le juge sa mère ? Un ami fidèle, comme le pense Hasni, son compagnon d’arme ? Ou un » élément intéressant « , ainsi que le croient certains agents pakistanais. Lui recherche seulement la paix. Désespérément. Il l’a cherchée en Dieu. Il voudrait la trouver ailleurs, loin, en Australie par exemple. » Je ne suis pas intéressant. Je suis un homme fatigué et je crois que j’ai mérité mon repos « , annone-t-il péniblement.
Dieu peut tout faire, mais dans quel intérêt ?
Recommencer à zéro. Etouffer le vacarme des remords après toutes ces fuites, tous ces combats et toutes ses lâchetés. Même si le destin résiste. Moïse devait rencontrer le disciple le plus savant de Dieu à l’endroit où le poisson qu’il transportait s’enfuirait pour rejoindre la mer. Dans la parabole, le poisson s’est bien enfui. Il a rejoint l’océan. Mais que serait-il arrivé si le poisson » avait été trouvé par un serviteur et rôti ou frit (…) il ne serait pas retourné à la mer. Bien sûr, Dieu peut tout faire, mais dans quel intérêt ? » Mourad s’interroge. Dieu ne suffit pas à répondre à ce qui le torture. Un combat sans merci s’est engagé contre l’absurdité du monde, il y a bien longtemps. Mourad voudrait trouver la paix. Mais on ne sort pas indemne de l’islamisme. On n’en sort même pas du tout. Et avant de s’enfuir vers un ailleurs calme et bleu, le poisson Mourad fera de bien mauvaises rencontres.
La poésie de la langue d’Habib Tengour a des accents intimes. Elle fait pénétrer au coeur des hommes. En marge de l’image d’Épinal de l’islamiste fanatique, l’auteur prend le risque de faire apparaître des êtres chargés de doutes. Des combattants perdus qui cherchent l’apaisement ou l’aventure. Une vie d’engagement devient un parcours erratique. Souvenirs flous, emmêlés. De l’histoire d’amour parisienne à l’enlisement dans une méditation stérile lorsque les armes se sont tues dans les montagnes afghanes. Du bourdonnement de Barbès à la nostalgie sucrée de l’enfance au bled. Au fil de l’histoire d’une vie. Livre tendancieux. Le Poisson de Moïse est une douce tragédie en prose, sur une vie passée à lutter contre l’angoisse qui sommeille en chacun.
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