Avec son dernier album tout juste dans les bacs, Papa Wemba n’a plus rien à prouver, mais encore beaucoup à donner. A 52 ans, l’artiste congolais reste une référence internationale. S’il a déjà été disque d’or aux Etats Unis, il rêve aujourd’hui de l’être en France. Interview.
Papa Wemba, de son vrai nom Shungu Wembadio Pene Kikumba, est une des stars de la musique congolaise. Beaucoup le connaissent comme le roi de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes), mouvement des années 80 où l’habit faisait bien le moine. Papa Wemba est bien plus que ça. Artiste émérite, il dépasse largement les frontières de son pays natal. Il a fait ses armes auprès des plus grands en officiant par exemple dans l’orchestre Afrisa de Tabu Ley. Avec son groupe Zaïco Langa Langa, il a participé à relooker la rumba et à donner ses lettres de noblesse à la soukouss. En France depuis 1982, Papa Wemba navigue entre Paris et Kinshasa. Son dernier opus, » Bakala dia kuba « , vient tout juste d’arriver dans les bacs. Des idées plein la tête, une ferveur toujours intacte, il refuse les étiquettes et rêve aujourd’hui d’un disque d’or en France.
Afrik : Etes-vous d’accord lorsqu’on vous présente comme un artiste soukouss ?
Papa Wemba : Je ne suis pas vraiment un artiste soukouss, je suis tout simplement un artiste congolais et même un chanteur tout court. D’ailleurs, le soukouss n’est pas un genre musical, enfin aujourd’hui si, par extension, mais à la base c’est une danse des années 60.
Afrik : Vous avez fait des tournées aux quatre coins du monde, vous avez joué dans les salles les plus prestigieuses. Quels sont vos rêves aujourd’hui ?
Papa Wemba : Aujourd’hui, je rêve d’un disque d’or en France (100 000 disques vendus, ndlr). Ce serait une véritable consécration pour moi. (L’artiste a déjà été disque d’or aux Etats-Unis avec l’album » Emotion » réalisé avec Lokua Kanza, ndlr). En France, la musique africaine est au parking. La politique des radios et des télévisions est de passer de la variété française et anglo-saxonne. Il est donc difficile pour nous de nous exprimer à travers les médias.
Afrik : Des projets artistiques ?
Papa Wemba : Artistiquement, je n’ai pas encore tout donné de moi. Par exemple, je n’ai pas encore exploité des musiques comme la soul ou les musiques brésiliennes. J’écoute de tout et mes oreilles sont ouvertes à différents genres musicaux. Ce qui m’intéresse, c’est de faire ressortir les rythmes. Et j’aime bien les rythmes latins ou R’n B.
Afrik : Beaucoup pensent qu’on assiste à une paupérisation de la musique congolaise avec les artistes de la nouvelle génération. Qu’en pensez-vous ?
Papa Wemba : Je ne vais pas commencer à dénigrer la musique congolaise. Je n’ai pas de regards négatifs sur la nouvelle génération. Les problèmes actuels sont des problèmes de structures. Au Congo, nous manquons de tout. Que ce soit d’usines de fabrication, de studios d’enregistrement ou de professionnels de la musique. Aussi, je lance ici un appel aux hommes d’affaires pour qu’ils s’investissent plus auprès de nos artistes.
Afrik : Vous venez de sortir votre dernier album » Bakala dia Kuba « . C’est votre combientième production exactement ?
Papa Wemba : (avec un petit sourire) Je ne sais pas exactement. J’ai trente-sept ans de carrière et je ne suis pas bon mathématicien. Je dirais que c’est un album de plus. Un bon album, mais pas un des meilleurs. Pour moi, il y a deux albums qui m’ont véritablement marqué jusqu’à aujourd’hui et dont je suis particulièrement fier : » For Idol » et » Emotion « .
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