Née dans les années 1960 au cœur des townships sud-africains, le pantsula est bien plus qu’une simple danse. Portée par les jeunes des quartiers défavorisés de Johannesburg, cette gestuelle énergique est devenue un symbole de résistance contre l’oppression et la corruption. Aujourd’hui, le chorégraphe Gregory Maqoma réinvente ce style avec la compagnie Via Katlehong.
Il propose un spectacle électrisant qui dénonce les maux de la société sud-africaine contemporaine.
L’origine du Pantsula : Une danse née de l’oppression
Le pantsula a vu le jour dans les townships de Johannesburg, notamment à Sophiatown et Alexandra, dans un contexte marqué par l’apartheid. Cette danse, caractérisée par des mouvements de jambes rapides et synchronisés, est rapidement devenue un moyen pour les jeunes de ces quartiers de s’exprimer et de défier l’ordre établi. Le pantsula, inspiré par les claquettes et la culture pop américaine, était une réponse artistique à la répression. Il a permis à une génération de jeunes Sud-Africains de trouver une identité propre.
Un art de la rue qui transcende les frontières
Avec le temps, le pantsula a quitté les ruelles des townships pour se faire une place sur les scènes internationales. Des compagnies comme Via Katlehong ont contribué à la reconnaissance mondiale du pantsula. Elles ont intégré cette danse dans des productions théâtrales et chorégraphiques de haut niveau. Cependant, malgré cette évolution, le pantsula a conservé son essence. Il reste un mélange de spontanéité, de virtuosité, et une capacité à raconter des histoires de manière unique, souvent à travers des gestes simples mais puissants.
Via Kanana : Un manifeste contre la corruption
Gregory Maqoma, figure incontournable de la danse contemporaine sud-africaine, a décidé de collaborer avec la compagnie Via Katlehong pour créer Via Kanana. Ce spectacle, qui tire son nom de la terre promise biblique, est une critique acerbe de la corruption qui gangrène l’Afrique du Sud. En utilisant le pantsula, Maqoma transforme cette danse en un véritable cri de révolte. Il dénonce l’écart entre les promesses de la fin de l’apartheid et la réalité actuelle du pays.
La dimension sociale et éducative du Pantsula
Au-delà de son aspect artistique, le pantsula joue un rôle capital dans la vie des jeunes des townships. Il leur offre une alternative aux dangers de la rue, en leur inculquant discipline et persévérance. Daniela Goeller, chercheuse associée à la Sorbonne, souligne l’importance du pantsula dans la formation des jeunes. Cette danse les aide à se tenir à l’écart des fléaux tels que la drogue et la violence. Le pantsula, bien qu’il ne véhicule pas explicitement un message politique, demeure une déclaration forte. Il témoigne de la résilience et de l’adaptation de ces jeunes face à des conditions de vie souvent extrêmement difficiles.