Les notes pays 2002 attribuées par la Coface pour évaluer les risques d’impayés des entreprises sont tombées. En Afrique subsaharienne, c’est le Botswana, la Namibie et Maurice qui tiennent le haut du pavé. Lanterne rouge pour la RDC, le Malawi, le Mozambique, le Nigeria et le Zimbabwe. Panorama.
Avec qui fait-il bon faire des affaires en Afrique subsaharienne ? La Coface, assureur crédit qui évalue au niveau international les risques d’impayés dans les entreprises, vient de rendre sa copie. Des notations pays @rating qui sont un reflet de la santé du commerce de chaque pays. En Afrique subsaharienne c’est le Botswana, la Namibie, Maurice et l’Afrique du Sud qui s’en sortent le mieux. La République démocratique du Congo, le Malawi, le Mozambique, le Nigeria et le Zimbabwe ferment la marche. Il s’agit d’évaluer le comportement de paiement des entreprises en fonction de la situation économique et politique des pays. Sept catégories (A1, A2, A3, A4, B, C et D) ont été établies dans ce sens.
En dépit de l’étroitesse de son marché (1,5 millions d’habitants) et de sa forte dépendance à une Afrique du Sud qui absorbe 75% de ses exportations, l’Eden 2002 des investisseurs en Afrique noire est le Botswana. Bonne stabilité politique, importantes ressources naturelles (diamants, cuivre, nickel), bonnes infrastructures, faible endettement et surtout faible niveau de corruption, constituent les atouts majeurs du pays. Des atouts qui concourent à de faibles probabilités de défaut de paiement des entreprises locales. Le Botswana décroche un A2 et reste le seul dans sa catégorie. A une courte encablure, la Namibie et Maurice sont classées A3. Suivies par l’Afrique du Sud (A4).
Peloton central et lanternes rouges
La majeure partie des pays de l’Afrique subsaharienne écope des notes B et C. Notes témoignants d’environnements économique et politique incertains ou très incertains risquant d’affecter ou de détériorer des comportements de paiement souvent médiocres. B pour le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Gabon, Madagascar, le Mali, l’Ouganda et le Sénégal. C pour l’Angola, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, la Mauritanie, le Niger, la Centrafrique, la Tanzanie, le Tchad, le Yémen et la Zambie.
Avec la plus mauvaise note du classement, D, la République démocratique du Congo (RDC), le Malawi, le Mozambique, le Nigeria et le Zimbabwe sont les pays où les risques de défaut de paiement très élevés sont aggravés par un environnement économique et politique troubles. Tandis que la RDC est empêtré dans un conflit régional, le Mozambique a toujours du mal à se remettre de 30 ans de guerre (terminée en 1994) et reste encore largement un pays agricole sans aucune infrastructure. Le Malawi, décimé par la pandémie du sida, est lui aussi un pays trop largement agricole (45% du PIB) soumis aux aléas climatiques. Le Nigeria et le Zimbabwe, bien qu’ayant de solides ressources hydrocarbures ou minérales ainsi qu’un fort potentiel humain, sont confrontés à d’importants troubles sociaux (ethniques au Nigeria, liés aux problèmes d’occupation des terres au Zimbabwe).
Sida, économies dépendantes et géopolitique
Trait commun à grand nombre de pays, le sida est un facteur préjudiciable à une bonne stabilité économique, donc à la solidité des entreprises. Fort de sa première place, le Botswana, où le sida touche 36% de la population adulte, craint pour l’avenir car la maladie risque de générer à terme de graves déséquilibres démographiques. Et le problème est autrement plus délicat pour des pays, tels que le Malawi, qui ne disposent d’aucune richesse naturelle. Le manque de diversification des économies africaines est également un important facteur de fragilité nationale. Certains pays doivent leurs revenus presque exclusivement à la production agricole (le cacao emploi 70% de la population active en Côte d’Ivoire), à la manne pétrolière (le pétrole constitue 80% des recettes d’exportation au Gabon) ou minière (le cuivre et le cobalt assurent 70% des recettes d’exportation). Ils se retrouvent fortement dépendants des aléas climatiques ou des cours du marché.
Si dynamique que peut paraître un pays, sa stabilité reste liée à une stabilité régionale. Le Bénin est, par exemple, fortement tributaire du Nigeria, pays avec lequel le transport de marchandise assure 80% des exportations et 45% des recettes en devises. Avec comme voisin l’Angola et le Zimbabwe, la Namibie est un phare dans la tempête, mais les investisseurs demeurent frileux. Les pays demeurent tous plus ou moins vulnérables à une conjoncture régionale ou internationale. L’Afrique du Sud -qui représente à elle seule 40% du PIB africain- l’aura appris à ses dépends avec la plongée du rand suite aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.
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