Pannes d’électricité en Guinée : le retour de la centrale flottante turque acté


Lecture 3 min.
Pylône pour transporter l'électricité
Pylône pour transporter l'électricité

Depuis plusieurs mois, les Guinéens font face à une terrible pénurie d’énergie électrique qui perturbe sérieusement leur quotidien. Le gouvernement a décidé de revenir à une solution déjà expérimentée dans un passé récent.

Face aux pannes régulières dans la fourniture d’électricité qui créent d’importants désagréments à la population guinéenne, les autorités de Conakry ont décidé de revenir à la solution du navire thermique turc produisant de l’énergie électrique.

Une option à mettre en œuvre à partir du 25 août

C’est ce jeudi que le navire turc a accosté au port de Conakry. Cependant, il sera connecté sur le réseau national de fourniture d’électricité dès le 25 août. Avec sa capacité de 114 mégawatts, cette centrale flottante pourrait contribuer à pallier, tant soit peu, les difficultés des 675 000 abonnés affiliés à la Société Électricité de Guinée (EDG) dans le Grand Conakry. Pour que cette énergie soit accessible à la population, le gouvernement guinéen a pris sur lui de compenser la différence entre le prix d’achat et le prix de revente aux consommateurs.

Il est à préciser que la Guinée avait déjà expérimenté la fourniture du courant électrique par le navire de la société turque Karpowership entre 2019 et début 2023 avant que le Président Mamadi Doumbouya ne décide de ne pas renouveler le contrat arrivé à terme. L’explosion, en décembre 2023, d’un dépôt d’hydrocarbures à Conakry avait entraîné la perte d’une centrale thermique à Coronthie. Ce qui engendra un important déficit dans la fourniture du courant électrique en Guinée, obligeant de négocier le retour de la société turque.

Des manifestations pour réclamer le courant électrique

Au cours du premier trimestre de l’année 2024, le pays dirigé par Mamadi Doumbouya a été secoué par d’importantes manifestations organisées pour protester contre les coupures intempestives du courant électrique. En mars, la tension était vive entre les manifestants et les forces de l’ordre contrainte d’utiliser des moyens importants pour contenir une population en colère qui ne comprend pas pourquoi son pays est surnommé le château d’eau de l’Afrique et n’est pas capable de régler ses problèmes d’électricité. Ces problèmes sont devenus récurrents depuis l’explosion, en décembre 2023, du dépôt d’hydrocarbures à Conakry. Cependant, les coupures d’électricité s’ajoutent à un contexte socio-économique très difficile marqué par une forte inflation et une baisse constante du pouvoir d’achat des Guinéens.

Des réformes attendues de la société EDG

Afin d’obliger les consommateurs à régler effectivement leurs factures, l’exécutif a opté pour l’installation de compteurs prépayés dans tous les secteurs, des départements ministériels jusqu’aux ménages. Cette décision s’accompagnera d’une réforme profonde de l’EDG pour en faire une société plus performante et rentable. Pour rappel, au plus fort des manifestations en mars dernier, le directeur général de la société et ses deux adjoints avaient été relevés de leurs fonctions. Pour justifier ces limogeages, le Premier ministre Bah Oury avait déclaré que « les responsables de cette situation liée aux coupures doivent des explications et que chacun doit assumer sa part de responsabilité ».

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News