Les évêques centrafricains doutent sérieusement des capacités de la Présidente Catherine Samba-Panza à réconcilier le pays.
Les évêques de la République centrafricaine lèvent le ton. Ils pointent du doigt l’enlisement du pays dans la spirale de violence, en dépit de l’élection en janvier dernier de la Présidente de transition Catherine Samba-Panza. Les religieux estiment que son élection ne suffit pas à relancer l’espoir de résoudre pacifiquement la crise, tant les actes mettent du temps à se concrétiser.
L’Etat semble dépassé par la situation. Pourtant, les tueries de masse ont diminué et les forces internationales sont déployées à travers le pays pour soutenir les populations. Mais des groupes armés, loin d’être inquiétés, persistent dans leurs exactions et l’insécurité est toujours de mise. Les chasses à l’homme contre des civils innocents se poursuivent en raison de leur supposée appartenance à un groupe ou à un autre.
Extrême précarité
L’agriculture, qui représente l’une des principales activités du pays, est toujours aussi menacée. L’instabilité de la situation empêche à ce jour la reprise des cultures agricoles, ce qui entraîne d’importants risques de famine à long terme. L’insalubrité des camps de réfugiés et la difficulté d’accéder aux soins n’améliorent en rien la situation.
Les dons internationaux promis à l’Etat, qui dépend de la solidarité internationale, tardent à arriver. Parallèlement, les taxes échappent au gouvernement et la flambée des prix est un réel problème, rapporte Le Journal du Cameroun. L’éducation est également mise à rude épreuve. Le gouvernement, avec l’appui de ses partenaires, a déployé ses efforts pour scolariser normalement les élèves. Mais certaines zones échappent à la surveillance de l’Etat et les élèves de ces régions ne peuvent bénéficier de cette mesure. C’est ainsi qu’aller à l’école devient un luxe.
Les évêques réclament l’autorité et la justice
Point d’orgue du conflit, certains membres de l’ex-coalition seleka qui ont annoncé publiquement la partition du pays. Les évêques, perplexes, s’interrogent : « Peut-on avoir deux états-majors dans un même pays ? Que se cache derrière cette décision ? » Ils rappellent aux Centrafricains que la solution n’est pas dans la division mais dans l’acceptation de l’autre.
Les évêques appellent à un désarmement rapide et sans condition des combattants ainsi que la réhabilitation d’une force armée centrafricaine « non animée par des intérêts égoïstes et sordides » en vue de garantir la sécurité des populations. Ils ont également interpellé la Présidente, dont les capacités sont remis en cause, afin que l’Etat rétablisse au plus vite son autorité et sa justice dans le but d’éradiquer les jugements sommaires auxquels se livrent les groupes armés. Et de manière générale, ils appellent tous les Centrafricains au dialogue et à la paix.
En cas d’échec, le discours de Samba-Panza au dernier Forum mondial des femmes de la Francophonie, à Kinshasa, perdrait une partie de son sens. Elle avait alors estimé que « seule la femme peut apporter la paix, la cohésion nationale et réunir ceux que la politique a séparés ». La femme, peut-être, mais cette femme est-elle Catherine Samba-Panza ?