Léopold Sédar Senghor est parti à 95 ans. C’est une mémoire de l’Afrique qui s’éteint. L’ancien président sénégalais et membre de l’Académie française, le poète de la » négritude » était l’un des rares présidents africains à quitter de son plein gré le pouvoir en 1980. L’ambassadeur de la civilisation noire s’en est allé en toute discrétion. Il est mort dans son second pays, la France. Jardin de France, justement.
» Mais l’appel du tam-tam
bondissant par monts et continents,
Qui l’apaisera, mon coeur,
A l’appel du tam-tam,
bondissant,
véhément,
lancinant ? »
Quel appel apaisera le nôtre ? Comment écrire dans la langue de Voltaire sans penser à Senghor ? Comment parler la langue de Victor Hugo sans penser à son âme africaine ? Plus que le Sénégal, plus que l’Afrique, c’est l’univers qui pleure l’auteur des » Chants d’ombre « , l’apôtre de la civilisation de l’Universel.
Ses positions politiques n’ont pas toujours été comprises par ses pairs africains. Ni par ses amis occidentaux. Francophile impénitent, il voyait la France comme exemple. Dénotant dans le paysage politique africain, à l’époque dominé par les généraux et autres officiers supérieurs, Senghor était professeur et enseignant. Il a contribué à redonner leur fierté aux Africains. Ethiopiques a déclenché en 1956 une prise de conscience du peuple noir. Sa vision est toujours d’actualité. Senghor est toujours d’actualité. Adieu, l’homme ! A l’éternité, le penseur et le poète!
Fatou Mbengue