Ouverture du 9è salon international de l’artisanat de Ouagadougou


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Le 9ème Salon international de l’artisanat de Ouagadougou a ouvert ses portes, vendredi, sous un soleil de plomb, avec l’ambition affichée de rendre l’événement aux professionnels. L’augmentation du prix au public de 300 à 500 FCFA fait craindre aux organisateurs un recul des visites. Même si ces derniers reposent tous leurs espoirs sur les acheteurs professionnels. Vingt sept pays sont représentés cette année dans le plus grand salon de l’artisanat africain du Continent.

De notre envoyé spécial

Le Burkina Faso a inauguré vendredi matin la neuvième édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao). L’un des trois plus grands événements organisés dans le « Pays des hommes intègres », avec le Tour du Faso et le Fespaco. Le plus grand salon consacré à l’artisanat en Afrique. Pour l’occasion, les autorités ont en parti bloqué la double voie qui mène, en périphérie de la ville, à l’enceinte où se déroulera la biennale. Une institution qui date de 1988 et qui depuis ne cesse d’attirer de plus en plus de monde. Même si la crise en Côte d’Ivoire, principal partenaire commercial du Burkina, lui a causé du tort. Vingt-sept pays seront représentés cette année, avec pour thème « Investir dans l’artisanat africain : un secteur émergent ».

Priorité au visiteur de « qualité »

Au loin, sur la longue ligne droite qui mène au Siao, écrasée de soleil et voilée d’une couche de poussière, marquée par une interminable série de hauts lampadaires à deux têtes, on aperçoit une foule se presser devant le portail. A sa gauche, deux artistes dressés sur des échasses les surplombent et animent la rue. L’inauguration officielle est prévue à neuf heures, mais sans le grand public, qui ne sera invité à accéder au site qu’à partir de 12h30. Il leur en coûtera 200 FCFA de plus que les 300 qui étaient de mise lors de la dernière édition. Le directeur du Siao, Jean-Claude Bouda, s’en est expliqué la veille à un parterre de journalistes, se disant désolé de cette « douloureuse augmentation (…) dans un contexte de paupérisation quasi générale ».

Mais une augmentation indispensable dans « notre volonté de rendre le Salon autonome » – il l’est à 60% – notamment vis à vis des subventions de l’Etat. Le directeur évoquera également la nécessité d’agrandir le site du salon, qui affiche « complet », et insistera sur le fait que « le Siao est le salon le moins cher du monde ». Jean-Claude Bouda rappellera également la vocation professionnelle de l’événement, ainsi que sa mission première, qui est de « faire se rencontrer vendeurs et acheteurs afin qu’ils réalisent des affaires ». Admettant qu’il préfère avoir quelques visiteurs qui achètent beaucoup, plutôt que beaucoup qui n’achètent pas. « A quoi cela sert de dire j’ai eu 500 000 visiteurs s’il n y a pas de ventes ? », demande-t-il. « Le Siao n’est pas un festival. »

Faire des affaires

A droite de la foule, le large et épais tapis rouge, installé pour les officiels, n’attend plus que le Premier ministre burkinabé, chargé d’ouvrir le Salon en l’absence du Président Blaise Compaoré. Les derniers visiteurs badgés – exposants, journalistes… – négocient difficilement leur entrée avec des militaires qui gardent l’entrée avec efficacité. A l’intérieur, les trois tribunes montées la veille autour du podium, protégées du soleil, sont pleines. Il n’est pas encore neuf heures mais la température atteint déjà les 37 degrés. Les places à l’ombre sont chères. Les danses et percussions du Ballet national du Burkina, les chants d’Amity Meria, du « baobab de la chanson burkinabé », Georges Ouedraogo, des deux sœurs Doga ou encore de Kamaldine, nouvelle star d’Afrique de l’Ouest, entrecoupent la série de discours des officiels. Le spectacle est plaisant, mais difficile à apprécier au soleil. Ce qui pousse des dizaines de spectateurs, au départ hésitants, à s’installer avec leurs chaises sous les échafaudages des gradins amovibles pour y trouver de l’ombre.

Le ruban du salon vient d’être coupé par le Premier ministre, qui commence sa visite par le « Pavillon des exportateurs ». La meilleure place pour faire des affaires au Siao. L’espace est climatisé, lumineux avec ses murs et son carrelage blanc. Le stand y est facturé 500 000 FCFA, contre 250 000 ailleurs. Les exposants sont rares à aller chercher les visiteurs et préfèrent laisser venir les clients intéressés. De grands créateurs africains y ont leurs 10m2, à commencer par l’Ivoirien Pathé O, la Sénégalaise Dioouma Dieng ou encore le Nigérien Alphadi. Ce dernier, occupé à serrer des mains et à présenter ses chemises, boubous féminins en soie ou encore tee-shirts « ruban rouge » (lutte contre le sida), aux nombreux visiteurs qui se pressent autour de sa « caravane », explique avoir toujours participé au Siao. « Pas forcément pour vendre sur place, mais pour nouer des contacts » à faire fructifier par la suite.

Ambiance de marché

Dans les quatre grandes halles non climatisées, l’ambiance est plus proche de l’ancien marché de Rood-Wooko. « C’est ici, c’est ici… Mon ami, tu es revenu ?…», s’exclament les vendeurs en invitant les acheteurs potentiels à visiter leurs stands. Une technique de vente qui n’est néanmoins pas contradictoire avec celle du négociant international, si l’on en croit Grégoire Ouedraogo, ancien du grand marché de Ouagadougou. L’homme vend des bracelets, ceintures, sacs, sandales et autres vanneries, localement produits ou importés. Il assure réaliser des affaires avec des acheteurs professionnels, en même temps qu’il vend ses bracelets à l’unité aux visiteurs curieux. De même que Sinka Moumouni, tee-shirt de sport rouge, baskets et jean large, style rappeur, qui aide son frère dans son commerce de statuettes traditionnelles. Le jeune Bobolais (habitant de Bobo Dioulasso) rabat les visiteurs jusqu’en dehors du hall d’exposition, au cours de ses nombreux va-et-vient. Lui aussi assure nouer de précieux contacts avec des acheteurs professionnels. Il est vrai que les organisateurs leur facilitent la tâche en ouvrant le salon uniquement à ces derniers, la matinée, avant de laisser le grand public entrer en début d’après-midi.

Même les sœurs de la paroisse Sainte-Camille tentent leur chance au Siao. « Nous sommes là depuis le début. Comme notre paroisse est cachée, dans le centre de la ville, nous profitons de toutes les opportunités pour nous montrer », explique la sœur responsable du site, avouant que « cela marche… un peu ». Assise sur une chaise, derrière un petit comptoir installé sur une planche surélevée d’un mètre cinquante, la religieuse ne laisse apparaître que son foulard blanc frappé d’une croix rouge. Sur son établi, décorée d’un drap aux motifs religieux (« Patron des malades, priez pour nous »), la jeune femme présente avec fierté vêtements pour enfants et chemises colorées : « ce sont les troisièmes années du centre de formation qui les ont coupés, cousus et teints elles-mêmes ». De nombreux stands voisins présentent les bogolans, boubous et chemises réalisés selon les pratiques traditionnelles, alors que d’autres, plus rares, vendent leurs breloques ou des produits de qualité médiocre, Jean-Claude explique qu’il n y a pas réellement de critères de sélection. Seul le paiement des stands dans les temps (avant le 31 août) compte.

Tous les artisanats

Le directeur du Siao avait également prévenu, jeudi : « les gens associent trop l’artisanat aux masques, statuettes, djembe (…) alors qu’il existe plusieurs types d’artisanats ». Un artisanat d’art, mais également de production et de service. Celtel, partenaire du Siao avec 30 millions de FCFA dépensés et Air France Cargo, pour les services, disposent de leurs stands dans le pavillon des exportateurs. La pharmacopée traditionnelle a également sa place, avec des remèdes contre toutes sortes de maux. Après avoir présenté différentes gélules contre les ulcères, le diabète ou encore le mal de tête, le vendeur de la « pharmacopée béninoise » ne se fait pas prier pour exposer ses remèdes contre « la frigidité féminine », pour le « développement du sexe » ou encore un mystérieux « secret des femmes ».

Un pavillon entier est consacré à l’artisanat « utilitaire ». D’imposantes machines agricoles y sont exposées à l’air libre, aux côtés de matériels pour handicapés moteurs, d’ambulances de brousse ou encore d’ingénieuses pompes à eau à pédales. Les organisateurs ont reconduit cette année le pavillon de la créativité, en innovant avec un « Pavillon du design » très attendu. Seulement « l’artisanat d’excellence », précise Jean-Claude Bouda. Deux salons dont les portes ne se sont ouvertes que samedi. La culture a également une importante place, au Siao, où six habitats traditionnels des principales ethnies qui peuplent le pays – Gourounsi, Peuls, Bissas, Bobos, Senoufos et Nouni – ont été construites. Comme la culture a également un prix, notamment au Siao, il en coûtera entre 100 et 200 FCFA la visite.

 Visiter le site du Siao

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