La dixième sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) a débuté jeudi au siège de l’organisation, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Les conflits au Kenya, en Somalie, au Darfour, le développement industriel de l’Afrique, l’énergie, la création des futurs Etats-Unis d’Afrique, sont les principaux dossiers sur lesquels les chefs d’Etat africains se pencheront.
La rencontre, qui porte sur le développement industriel de l’Afrique, se déroule en présence de plus de 30 chefs d’Etat africains et de plusieurs invités de marque dont le secrétaire général des Nations unies, Ban ki-Moon, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa et l’ancien Premier ministre du Japon.
A cette occasion, le président sortant de l’UA, le président Ghanéen John Kufuor a lancé un appel à ses pairs pour qu’ils fassent du 21è siècle celui de la Renaissance de l’Afrique. En faisant le bilan de son action après un an à la tête de l’organisation, le président Kufuor est longuement revenu sur les décisions du sommet d’Accra, en juillet dernier, notamment la décision de mettre en place un audit sur les institutions et les organes de l’UA et la constitution d’un Comité ministériel chargé de réfléchir sur le processus de mise en œuvre d’un gouvernement fédéral et la mise en place d’une feuille de route pour baliser le chemin vers les Etats-Unis d’Afrique.
Des rapports ont été confectionnés et communiqués au Conseil exécutif qui a consacré une large partie de ses travaux à ses sujets et les décisions prises ont été portées à la connaissance des chefs d’Etat. Le président Kufuor a tiré deux conclusions de ces rapport qui préconisent, d’une part la participation des peuples au processus de création d’un gouvernement fédéral qui ouvre la voie aux Etats unis d’Afrique et, d’autre part le renforcement du rôle et des organes de la Commission de l’UA pour «une meilleure efficacité du travail».
A ce propos, il a demandé aux chefs d’Etat de fonder leurs délibérations sous le signe du pragmatisme, notamment dans l’élection des membres de la nouvelle Commission de l’UA prévue lors de cette présente session. «Nous devons appréhender ces élections avec l’idée que nous nous trouvons dans une phase de transition», a suggéré le président ghanéen.
Au chevet des conflits qui minent le continent
Revenant sur les conflits en Afrique, le président Kufuor s’est réjoui de la situation au Liberia et en Sierre Leone. Il a aussi souhaité une intensification des efforts aux Darfour, en Somalie et Comores pour promouvoir rapidement la paix.
Au sujet du Kenya, qui polarise l’attention, il a expliqué qu’il s’est rendu dans ce pays en tant que président de l’UA pour tenter d’y ramener la paix. Sa mission s’est soldée par un accord entre le pouvoir et l’opposition pour discuter autour de trois axes, à savoir la cessation de la violence, le recours au dialogue et l’acceptation d’une mission de paix d’un groupe d’éminents africains dirigé par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui est déjà à pied d’œuvre au Kenya.
Le président Kufuor a aussi fait part aux chefs d’Etat et de gouvernement présents à Addis-Abeba de sa visite aux sièges du NEPAD et du Parlement africain, en Afrique du Sud, et sa participation au sommet du G-8.
Il a souligné que toutes ces actions sont destinées à promouvoir le développement du continent. Auparavant, le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, a exhorté les chefs d’Etat à élire son successeur et lui donner les pouvoirs nécessaires pour exercer son autorité sur cet organe, conformément aux recommandations du comité d’experts.
Le président Konaré n’a pas voulu s’appesantir outre mesure sur les conflits en Afrique, estimant que le continent ne doit pas se noyer sous «ces conflits qui ne sont pas des fatalités». Néanmoins, il a fait par de sa préoccupation par rapport «aux épurations ethniques, aux génocides qui déchirent le Kenya» et souhaité que le feu soit rapidement éteint dans ce pays naguère considéré comme «l’espoir de l’Afrique».
Relever les défis de l’industrialisation et et de l’énergie
Dans son discours, le président Konaré a longuement abordé l’industrialisation de l’Afrique et souhaité que le continent rompe avec la logique coloniale pour développer son industrie. C’est dans ce cadre qu’il a dénoncé les politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), affirmant que leurs programmes d’ajustement structurel ont ruiné l’industrie africaine.
Malgré la célébration de deux décennies d’industrialisation de l’Afrique, le continent africain n’a guère développé son industrie, constate M. Konaré, invitant l’ONU à mieux consolider le mandat de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) qu’il estime trop restrictif. Il a aussi souhaité qu’une Conférence au sommet de l’industrialisation de l’Afrique soit organisée pour marquer l’envol de ce secteur.
Le secteur de l’énergie préoccupe aussi le président Konaré qui a estimé que l’Afrique ne dispose que de 10 pour cent des réserves mondiales de pétrole et de gaz. «Si le continent se met à surexploiter ses ressources énergétiques parce que le baril de pétrole revient à 100 dollars américains, il risque de payer le baril à 200 dollars si ses ressources sont épuisées», a avertit M. Konaré.
Lire aussi :
Le sommet de l’UA déterminant pour le retour à la paix en Somalie
Kadhafi menace de tourner le dos à l’Afrique