Thomas Kwoyelo, ancien chef de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), a été condamné à 40 ans de prison en Ouganda pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Ce vendredi 25 octobre, un tribunal ougandais a rendu un verdict historique en condamnant Thomas Kwoyelo, ancien commandant de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), à 40 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ce jugement est le premier de cette envergure prononcée en Ouganda contre un membre de la LRA, une guérilla tristement célèbre pour ses décennies de terreur en Afrique centrale. Retour sur une sentence marquante et les enjeux pour la justice ougandaise.
Une peine inédite pour des crimes d’une extrême brutalité
Thomas Kwoyelo, vêtu d’un costume bleu marine et l’air accablé, a écouté le verdict en silence dans la salle du tribunal à Gulu, dans le nord de l’Ouganda. Âgé d’une cinquième année, Kwoyelo a été reconnu coupable en août dernier de 44 chefs d’accusation comprenant des meurtres, des viols, des pillages et une réduction en esclavage, des crimes marqués par une brutalité extrême et une cruauté inouïe envers des civils, notamment des enfants et des personnes âgées. Son parcours, de jeune soldat enrôlé de force par la LRA à commandant de niveau intermédiaire, n’a pas pesé en sa faveur lors de la sentence.
Le procès de Kwoyelo, entamé en 2019, est salué par les organisations de défense des droits de l’Homme comme une opportunité unique de rendre justice aux victimes de la LRA. Contrairement à d’autres combattants de la guérilla, Kwoyelo n’a pas bénéficié de l’amnistie gouvernementale ougandaise accordée à des milliers de membres de la LRA. Son incarcération et son procès relèvent de la volonté de l’Ouganda de juger les crimes les plus graves commis sur son territoire, ouvrant ainsi la voie à une justice de plus en plus équitable.
Un lourd passé marqué par l’insurrection de la LRA
Formée dans les années 1980 sous la direction de Joseph Kony, la LRA a instauré un climat de terre en Ouganda et dans plusieurs régions d’Afrique centrale. Le groupe, qui a rapidement étendu son influence au-delà des frontières ougandaises, a été responsable d’innombrables exactions, de l’enrôlement forcé de jeunes garçons comme soldats à la réduction en esclavage de jeunes filles. Malgré les efforts déployés pour traduire les dirigeants de la LRA en justice, Joseph Kony reste toujours en cheval, avec une prime de 5 millions de dollars offerte par les États-Unis pour toute information conduisant à son arrestation.
Le dilemme de la réhabilitation et de la justice
Kwoyelo, qui avait plaidé non coupable, a été son passé d’enfant soldat enrôlé de force à 12 ans. Cependant, le tribunal a jugé que sa montée en grade et sa participation directe aux crimes de la LRA lui attribuaient une responsabilité personnelle. Cette affaire met en lumière les dilemmes complexes entre la réhabilitation des anciens combattants et la nécessité de justice pour les victimes de la LRA, notamment les Acholis, population majoritairement ciblée par le groupe.