Ouganda : Muhoozi renonce à 2026 et soutient Museveni


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Yoweri Museveni
Yoweri Museveni

L’Ouganda se trouve une nouvelle fois au cœur de manœuvres politiques intrigantes. Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Museveni, a surpris en renonçant à sa candidature pour la présidentielle de 2026. Il avait longtemps laissé planer le doute sur son ambition de succéder à son père. Ce retournement de situation a ravivé les spéculations quant à l’avenir politique du pays, dominé par le président Museveni depuis 1986.

L’annonce de Kainerugaba, loin d’être anodine, paraît préparer une continuité politique soigneusement orchestrée. Elle suggère également une possible préparation de son avenir politique pour l’échéance de 2031.

Le renoncement inattendu de Muhoozi Kainerugaba

En mars 2023, Muhoozi Kainerugaba, général de l’armée ougandaise et figure influente du régime, avait semé le trouble en déclarant sur les réseaux sociaux son intention de briguer la présidence en 2026. À 50 ans, Kainerugaba apparaissait pour beaucoup comme le successeur naturel de son père, un homme au pouvoir depuis plus de 35 ans. Avec son mouvement MK, de nombreux partisans voyaient déjà en lui « le prochain président ». Cependant, contre toute attente, Muhoozi a fait marche arrière.

Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), il a annoncé ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles, car « Dieu Tout-Puissant lui avait demandé de se concentrer sur Son Armée ». De ce fait, il a déclaré soutenir son père, Yoweri Museveni, qui devrait briguer un septième mandat en 2026. Ce geste soulève de nombreuses interrogations quant aux véritables ambitions de Muhoozi et à l’avenir politique de l’Ouganda.

Une stratégie politique bien utilisée ?

Cette décision, bien qu’elle ait surpris certains observateurs, n’est pas totalement inattendue pour d’autres. Bobi Wine, chef de l’opposition et adversaire de Museveni lors des élections de 2021, a exprimé son scepticisme face à cette annonce. Pour lui, il s’agit simplement d’une manœuvre politique destinée à détourner l’attention des Ougandais des véritables problèmes du pays : la violation des droits humains, la corruption, et la mauvaise gestion économique sous le régime Museveni.

Muhoozi Kainerugaba, tout en retraitant sa candidature pour 2026, n’a pas renoncé à l’idée de succéder à son père. Il a affirmé qu’aucun civil ne dirigera l’Ouganda après Museveni et que le prochain dirigeant devra être un militaire ou un policier. Un message fort qui semble indiquer que le général prépare déjà sa montée en puissance pour l’avenir, possiblement en 2031.

Museveni, toujours aux commandes d’une nation divisée

À 80 ans, Yoweri Museveni règne sur l’Ouganda depuis son coup d’État de 1986. Bien que réélu en 2021 avec 58 % des voix, ses mandats sont marqués par des accusations de fraude électorale, des répressions contre l’opposition et un bilan mitigé en matière de développement. L’économie ougandaise souffre, et les jeunes générations, inspirées par des mouvements de protestation dans les pays voisins comme le Kenya, commencent à exprimer leur mécontentement à travers des manifestations contre la corruption.

Malgré cela, le régime semble indétrônable, et Museveni reste déterminé à se maintenir au pouvoir, encouragé par le soutien indéfectible de son fils. Le poids des forces de sécurité dans la politique du pays laisse entrevoir un scénario où le pouvoir reste entre les mains des militaires, et où le rêve de Muhoozi de prendre le relais pourrait se réaliser.

Horizon 2031 : le fils dans l’ombre du père ?

Si le retrait de Muhoozi Kainerugaba pour 2026 marque une pause dans ses ambitions politiques immédiates, il ne fait aucun doute que l’horizon 2031 reste dans sa ligne de mire. Son proche allié, Balaam Barugahara, ministre en charge de la Jeunesse et de l’Enfance, a clairement évoqué cette échéance, parlant du dernier mandat de Museveni et du rôle futur de Kainerugaba à la tête de l’Ouganda.

L’avenir politique du pays semble donc déjà se dessiner, avec une transition en douceur entre père et fils, mais sous le regard inquiet de la communauté internationale et des opposants. La population ougandaise, quant à elle, se demande combien de temps durera encore l’ère Museveni, et si la promesse de changement verra réellement le jour.

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