Le procès de Kizza Besigye, figure emblématique de l’opposition en Ouganda, a été une nouvelle fois reporté, cette fois au 7 janvier 2025. L’opposant, qui faisait face à des accusations de menace à la sécurité nationale, a comparu ce mardi 10 décembre devant un tribunal militaire. Cependant, l’audience a rapidement été interrompue en raison d’un différend concernant son avocat principal, Martha Karua, qui n’a pas obtenu l’autorisation de plaider.
Contexte et report du procès
Kizza Besigye, ancien médecin du Président ougandais Yoweri Museveni et son plus grand rival politique, avait été enlevé au Kenya, en novembre 2024 dans des circonstances controversées avant d’être extradé vers l’Ouganda. Ce kidnapping avait suscité des protestations, notamment de la part de sa femme, Winnie Byanyima, qui avait qualifié l’incident de « kidnapping ».
L’audience de ce 10 décembre a été rapidement ajournée après que le Conseil de l’ordre des avocats ougandais a refusé de délivrer à Martha Karua, avocate principale de Besigye, le certificat temporaire nécessaire pour plaider. Le Conseil a exprimé des doutes sur les motivations politiques de Karua, notamment en raison de son implication dans un événement à Nairobi, en novembre, où Besigye et son coaccusé, Hajj Lutale, avaient été arrêtés. Malgré ce refus, Besigye a insisté sur le fait qu’il ne pourrait pas poursuivre son procès sans la présence de son avocate.
Les accusations contre Besigye
Kizza Besigye est accusé de plusieurs infractions graves, notamment la possession illégale d’armes et de munitions, ainsi que de menacer la sécurité nationale. Son procès est jugé devant un tribunal militaire, bien qu’il soit un civil, ce qui a soulevé de vives critiques de la part des défenseurs des droits humains. Ces derniers dénoncent une tentative de militarisation de la justice dans le but d’intimider et de réduire au silence l’opposition politique.
Le choix d’un tribunal militaire plutôt que d’une juridiction civile est perçu par les avocats de Besigye comme une manœuvre politique visant à étouffer la dissidence. En effet, la répression des opposants politiques en Ouganda est une pratique courante sous le régime de Museveni, qui dirige le pays depuis 1986. De plus, l’implication d’un tribunal ougandais pour juger des crimes présumés commis à l’étranger, notamment au Kenya, est également controversée.
Réactions internationales et répression croissante
L’arrestation de Kizza Besigye a provoqué une onde de choc au sein de la communauté internationale. Des organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, ont exprimé de vives inquiétudes concernant l’escalade de la répression contre l’opposition en Ouganda. Winnie Byanyima a dénoncé un acte de « terrorisme d’État » et a appelé à une intervention urgente de la communauté internationale pour garantir la libération de son mari.
Les partisans de Besigye, quant à eux, ont organisé des manifestations à travers le pays, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une tentative d’intimidation du gouvernement pour faire taire les critiques. Ces manifestations ont été réprimées par les forces de sécurité, qui ont déployé une forte présence policière, exacerbé les tensions dans le pays.
L’importance de Kizza Besigye pour l’opposition
Kizza Besigye est, depuis longtemps, l’une des figures les plus influentes de l’opposition ougandaise. Ancien médecin personnel de Museveni, il a été son principal rival lors des élections présidentielles, depuis 2001. Ses campagnes ont souvent été marquées par des arrestations et des violences policières, révélant les obstacles à la démocratie sous le régime actuel.
Cette nouvelle vague de répression contre Besigye est perçue comme une volonté du gouvernement de renforcer son contrôle sur l’opposition. En effet, les accusations portées contre lui sont jugées comme étant des tentatives d’éliminer l’un des plus grands critiques du régime, à un moment où la pression internationale sur Museveni s’intensifie en raison de ses pratiques autoritaires.