En Ouganda, Thomas Kwoyelo, ancien commandant de la LRA, a été condamné pour crimes de guerre, une première pour le système judiciaire du pays.
Le 13 août, la justice ougandaise a frappé fort en reconnaissant Thomas Kwoyelo, ancien commandant de la redoutable Armée de résistance du Seigneur (LRA), coupable de 44 chefs d’accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ce verdict est le premier du genre rendu par un tribunal national contre un membre de la LRA, marquant une étape cruciale dans la lutte contre l’impunité en Ouganda.
Une enfance volée et un avenir brisé
Thomas Kwoyelo, aujourd’hui dans la cinquantaine, a toujours nié les accusations portées contre lui. Enlevé à l’âge de 12 ans et enrôlé de force dans la LRA, il se défend en affirmant qu’il n’a jamais tué et qu’il n’était chargé que de soigner les combattants blessés. Pourtant, la Cour a retenu contre lui des actes horribles commis entre 1996 et 2005, notamment dans sa région natale du district d’Amuru, faisant fi de son passé d’enfant soldat.
L’histoire judiciaire de Kwoyelo est complexe. Arrêté en 2009 en République démocratique du Congo, il avait été libéré en 2011 après une décision de la Cour suprême lui accordant l’amnistie en vertu d’une loi promulguée en 2000. Cependant, en 2015, le procureur général ougandais décide de rouvrir son dossier, ouvrant la voie à ce jugement historique. Les familles des victimes espèrent que cette condamnation ouvrira la voie à d’autres procès contre les responsables de la LRA, à commencer par leur chef Joseph Kony, toujours en cavale.
Un jugement qui divise
La condamnation de Kwoyelo soulève de nombreuses questions. Pourquoi lui, et pas les autres ? La famille de l’accusé ne comprend pas pourquoi il n’a pas été amnistié, comme d’autres anciens combattants de la LRA. Certains estiment que Kwoyelo paye pour des crimes commis sous la contrainte, tandis que d’autres soulignent la nécessité de rendre justice aux victimes, indépendamment du passé de l’accusé. Ce procès pourrait-il être le début d’une nouvelle ère de justice en Ouganda, ou restera-t-il une exception ?