Ouganda : l’opposant Kizza Besigye en isolement depuis son arrestation


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L'opposant ougandais Kizza Besigye
L'opposant ougandais Kizza Besigye

L’opposant ougandais Kizza Besigye, arrêté en novembre dernier, vit un isolement total dans des conditions inhumaines dénoncées par ses proches et la communauté internationale. Jugé par une cour martiale sous influence, il est devenu un symbole de la répression politique en Ouganda.

Depuis des mois, l’opposant ougandais Kizza Besigye, figure emblématique de la résistance politique au régime de Yoweri Museveni, a vécu un véritable enfer carcéral. Jugé par une cour martiale, il se retrouve plongé dans un isolement total, dans des conditions qui suscitent une inquiétude grandissante chez ses soutiens et au sein de la communauté internationale.

Un enlèvement troublant et un procès controversé

C’est en novembre dernier, lors d’un déplacement à Nairobi, que tout a basculé pour Kizza Besigye. Selon son épouse, il aurait été enlevé puis transféré en Ouganda, où il est désormais jugé pour trahison, un crime passible de la peine de mort. Ancien médecin personnel de Museveni avant de devenir son opposant, Besigye est accusé de menacer la sécurité nationale. Mais ses proches dénoncent une manœuvre politique destinée à l’éliminer.

Placé devant une cour martiale, une juridiction largement influencée par le pouvoir exécutif, Besigye semble n’avoir aucune chance de bénéficier d’un procès équitable. Cette situation est aggravée par l’implication directe de Muhoozi Kainerugaba, fils du président et chef des forces armées, dont les propos incendiaires sur les réseaux sociaux laissent peu de doute sur ses intentions : « Besigye sera pendu », a-t-il déclaré.

Un isolement inhumain : une prison dans la prison

Depuis son arrestation, Kizza Besigye est confiné dans ce que ses soutiens qualifient de « prison au sein d’une prison ». Coupé du monde extérieur, il n’a plus droit à des visites physiques et ne peut communiquer que par téléphone, sous stricte surveillance. Même les repas fournis par ses proches lui sont refusés, ce qui l’a poussé à prendre une décision radicale : refuser la nourriture de la prison, en laquelle il n’a aucune confiance.

Ces conditions de détention, qualifiées de cruelles par ses avocats et ses partisans, font craindre pour sa vie. Selon Maître Kato, l’un de ses avocats, cet isolement strict serait une réponse directe aux critiques envoyées par Besigye au régime, mais aussi aux déclarations hostiles de Muhoozi Kainerugaba.

La communauté internationale en alerte

Face à ce traitement inhumain, les réactions internationales commencent à se multiplier. Les Nations unies et plusieurs ONG de défense des droits humains ont exprimé leur profonde inquiétude quant au sort de Kizza Besigye. Son épouse, Winnie Byanyima, a déclaré une « parodie de justice » et appelle à une mobilisation urgente pour sauver son mari.

Cette affaire intervient dans un contexte de répression accrue contre l’opposition en Ouganda, à l’approche des élections présidentielles de 2026. Le régime de Museveni, au pouvoir depuis près de 40 ans, semble prêt à tout pour museler les voix dissidentes, y compris utiliser à des pratiques qui frisent l’arbitraire et la cruauté.

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