Depuis le mois d’août, l’Ouganda abrite le plus grand centre de lutte contre le sida du continent. L’institut des maladies infectieuses, qui a été inauguré mercredi par le Président Yoweri Museveni et la compagnie pharmaceutique Pfizer, concentre son action sur trois volets : le traitement des malades, la formation des personnels soignants et la prévention.
Connaître son ennemi pour mieux le combattre. L’Institut ougandais des maladies infectieuses a officiellement été inauguré, mercredi, par le Président Yoweri Museveni et le numéro un de la compagnie pharmaceutique Pfizer, Hank McKinnell. L’établissement compte plus d’une centaine de personnels de santé, notamment d’origine ougandaise, européenne ou nord-américaine. L’équipe s’est fixée trois objectif : traiter les personnes infectées par le VIH/sida, former les médecins africains sur tout ce qui entoure le virus et la prévention.
Le bon élève récompensé
Si l’Ouganda a été choisi pour accueillir cette structure, c’est parce qu’il est jugé comme étant un bon élève en matière de lutte contre le sida. Selon les chiffres officiels, le taux d’infection a chuté de 12%, dans les années 80, à entre 6 et 8% en 2004. Construire l’institut dans ce pays s’est donc imposé comme une évidence. D’autant plus que les Ougandais étaient très impliqués dans la naissance du projet. « Le concept est né grâce de chercheurs ougandais et nord-américains spécialisés sur le VIH et soutenus par Pfizer, dont la politique est d’œuvrer pour que tous aient accès au traitement », explique Philippa Musoke, l’un des piliers du projet et pédiatre à l’hôpital de Mulago, situé à Kampala.
C’est Pfizer qui a financé la construction du bâtiment, situé entre l’hôpital Mulago et l’université Makerere, mais dont le corps exécutif est basé à l’université kampalaise de Makerere. Le géant pharmaceutique investit encore largement dans la structure. La Fondation Bill et Melinda Gates apporte aussi des fonds et l’Université Makerere fournit notamment du personnel. En tout, ce sont plus de cent personnes qui travaillent, depuis la fin du mois d’août, à l’Institut des maladies infectieuses.
Former des professionnels qui formeront à leur tour
Leur mission est triple. Ils doivent fournir des traitements antirétroviraux aux malades que leur envoie la clinique spécialisée sur le sida de Mulago, en activité depuis 1987. Très peu de patients paient les médicaments, qui sont soit génériques, soit produits par de grandes firmes. L’Institut fait par ailleurs de la prévention pour les personnes qui ne sont pas contaminées par le virus, mais aussi pour celles qui le sont déjà, pour qu’elles ne contaminent pas à leur tour.
Les professionnels auront pour tache de former des médecins africains sur tous les sujets qui touchent au VIH/sida, une action qui avait déjà commencé il y a deux ans, en dehors de l’institut. « Nous avons pour premier but de former 250 médecins par an. La moitié des médecins seront ougandais et les autres originaires des différents pays africains. La formation est gratuite lorsque les cours sont suivis pendant un mois car elle est subventionnée. Ce qui n’est pas le cas pour la formation d’une semaine que nous avons récemment mise en place pour ceux qui doivent être opérationnels rapidement. Mais la somme à dépenser est peu importante. En revanche, si l’on compte le matériel nécessaire pour suivre la formation (les livres, le déplacement si l’on vient de l’étranger,…) le budget peut monter à 1 500 dollars le mois. Plus tard, nous envisageons d’étendre la formation aux autres acteurs de santé, comme les infirmières ou encore les pharmaciens », commente Philippa Musoke. Les médecins, une fois formés, pourront transmettre leur savoir à d’autres, entraînant un « recyclage » de leur formation.
La population accueille bien ce nouvel établissement et, malgré le tabou qui entoure encore la maladie, les malades viennent chercher de quoi se soigner. L’Institut traite environ 300 enfants et 500 adultes et espère bientôt pouvoir augmenter ces chiffres. Si sa priorité est la lutte contre le sida, il devrait se tourner vers les autres maladies infectieuses, et notamment la malaria, dans quelques temps.