C’est à Ouagadougou que les régulateurs de la Communication des pays africains ont choisi de tenir leur quatrième Conférence, afin de réfléchir aux nouveaux enjeux que doivent affronter les médias, publics et privés, à l’heure de la convergence. Du beau linge sous le soleil burkinabé…
Notre envoyé spécial à Ouagadougou
L’ouverture de la Conférence de Ouagadougou a d’emblée donné la tonalité des travaux qui s’y tiennent pendant trois jours, en présence des présidents et de nombreux membres des Autorités de Régulation de la Communication et de l’Audiovisuel de plus de 20 pays africains, mais également en présence d’un grand nombre de représentants de groupes audiovisuels francophones, au premier rang desquels CANAL+, principal diffuseur francophone sur l’Afrique avec les bouquets CANALSAT et la chaîne CANAL+HORIZONS, représentés par son Président, Dominique Fagot, et son Directeur général, Jean-Christophe Ramos… Et bien évidemment RFI, Radio France Internationale, écoutée partout en Afrique, avec son président Antoine Schwarz, ou TV5 Monde, en la personne de son président François Bonnemain.
Des paysages audiovisuels très similaires…
Le paysage audiovisuel de tous les pays africains présente de nombreux points communs : vieillissement des anciennes télévisions publiques qui se trouvent désormais confrontées à la concurrence d’une pluralité de chaînes commerciales particulièrement agressives, tandis que tombent du ciel des chaînes internationales distribuées par de grands groupes européens ou sud-africains.
Comment les régulateurs peuvent-ils et doivent-ils faire face aux enjeux propres de chacun de leurs pays : développement d’une production audiovisuelle indépendante, capable de faire rayonner l’image et les traditions des peuples d’Afrique, accompagnement de l’essor d’un marché audiovisuel dynamique et prospère, par une lutte plus efficace contre le piratage, principale source de l’affaiblissement de l’économie de la création à l’heure d’Internet.
En matière d’Internet… « L’exemple d’Afrik.com »
C’est d’ailleurs sur les mutations entraînées par la convergence et l’arrivée relativement rapide d’Internet sur le continent africain que s’interrogea en particulier Hervé Bourges, Président de l’Union internationale de la Presse Africaine, qui cita notamment (cela mérite d’être souligné) l’exemple d’Afrik.com, « premier quotidien panafricain en ligne, dont les informations, les images, les sons, mettent en avant l’Afrique dans toutes ses dimensions », avant d’en appeler à une réflexion internationale sur la régulation d’Internet « sous l’égide de l’UNESCO ».
Enfin un grand nombre de participants s’interrogèrent sur les moyens de doper l’audiovisuel africain, et de le mettre au centre d’un processus de développement économique dont la communication est, ailleurs, l’un des principaux vecteurs. Il va de soi que la responsabilisation de tous les acteurs, consommateurs, annonceurs, pouvoirs publics, diffuseurs aussi, devrait permettre un décollage de l’industrie africaine de programmes.
Cette industrie peut désormais trouver sa propre économie et produire son propre marché, à condition que les frontières internes à l’Afrique s’ouvrent, comme c’est le cas en Europe, où le secteur audiovisuel forme désormais un marché unique.
Une formidable réactivité aux innovations
C’est d’ailleurs sur des paroles optimistes que Jean-Christophe Ramos concluait une conversation avec quelques opérateurs burkinabés, soulignant que « de nombreux d’Afrique sont aujourd’hui en avance sur la France et même la plupart des pays européens, pour ce qui concerne les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication : ainsi de la diffusion DVB-H qui est déjà en Afrique une réalité, alors qu’elle n’est pas lancée en France, ainsi du démarrage rapide de l’ADSL au Maroc… » Si l’Afrique fait preuve en matière audiovisuelle de la même célérité qu’en matière de télécommunications… Cela donne beaucoup de raisons d’être optimiste pour la suite !