Ouaga ne va plus au marché


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Drapeau du Burkina Faso
Drapeau du Burkina Faso

Entre 6 000 et 11 000 commerçants burkinabés se retrouvent en chômage technique après l’incendie qui a ravagé plus du quart du marché de Rood Wooko, il y a une semaine à Ouagadougou. Les autorités se retrouvent bien dépourvues face à ce désastre : le plus grand marché du Burkina n’était pas assuré et personne ne sait encore qui va payer.

 » Un quartier entier sur les quatre que compte le marché a été complètement endommagé et un second a été touché « , a annoncé le ministre du Commerce, Benoît Ouattara, au lendemain de l’incendie qui a touché le marché de Rood Wooko, le mardi 27 mai. Le ministre précise que le marché restera fermé  » pour quelque temps « , afin de permettre de faire des  » contrôles préalables de résistance du bâtiment central « , dont un pan s’est effondré. Il confirme d’autre part que les  » dégâts seront très sévères pour les commerçants « . Des commerçants qui étaient entre 5 500 et 11 000 * à se partager un espace originellement prévu pour 2 660 emplacements. Les autorités recherchent actuellement des places pour les chômeurs techniques dans les marchés secondaires de la ville et n’en sont qu’au stade des évaluations des dégâts causés sur le marché.

 » On peut dire que Rood Wooko est le centre névralgique de Ouagadougou, explique-t-on à la mairie de la capitale burkinabè. De nombreuses boutiques sont venues s’installer autour du marché après sa construction et l’incendie pose de gros problèmes, puisque l’activité économique est désormais paralysée « . Construit voilà une dizaine d’années, les autorités burkinabé avaient investit la bagatelle de 4,7 milliards de francs CFA dans Rood Wooko. Une somme en partie perdue si l’on considère que depuis la fin de l’année 2002, le plus grand marché du Burkina Faso n’était plus assuré.

Une catastrophe attendue

Le ministre du Commerce a immédiatement pointé du doigt  » la surpopulation et l’anarchie  » qui sévissaient sur le marché pour expliquer le désastre. Une anarchie qui selon lui posait  » des problèmes de sécurité générale dont les conséquences étaient prévisibles « . Les assureurs de la capitale burkinabé n’en pensaient pas moins. Quelques mois avant que l’assurance de Rood Wooko n’arrive à expiration, ils avaient menacé les autorités de ne pas la reconduire.

 » Les commerçants sont en cause, selon la Mairie de Ouagadougou. Les syndicats voulaient eux-mêmes mettre de l’ordre dans le marché. Leur préoccupation principale étant de préserver les intérêts des commerçants, même illégaux ». Pour la ville, la solution aurait été de  » déguerpir les commerçants illégaux pour sécuriser le marché « . Une solution peu évidente dans la mesure où tous paient leurs taxes.

Punition divine

Une solution d’autant moins applicable que  » les propriétaires d’installations sauvages avaient menacés de s’en prendre à la police du marché si elle tentait de les déloger « , ajoute-t-on à la direction du marché, tout en se montrant plus nuancé quant à la responsabilité des vendeurs.  » Les commerçants avaient retiré du marché les installations électriques les plus dangereuses, afin que les assureurs puissent revenir faire leur travail. Mais les marchands illégaux, à qui profitaient ces réseaux électriques, se sont retrouvés sans courant et ont vite fait d’installer des groupes électrogènes défectueux.  »

 » Enfin, conclut-on à la direction de Rood Wooko, la majorité des commerçants ne voulaient pas entendre parler d’assurance. Ils avaient l’impression de dépenser leur argent pour rien. D’ailleurs, pour nombre d’entre eux, l’incendie de mardi est perçu comme une punition divine, que rien n’aurait pu éviter.  »

* 11 000, soit quatre fois la capacité réelle du marché, selon le ministre du Commerce. 5 325, selon la direction du marché, qui se base sur un recensement établit en octobre 2002, et qui dénombre 2 661 permanents et 2 674

emplacements sauvages.

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