Après l’arrestation samedi de Seïf al-Islam Kadhafi puis celle dimanche de Abdallah al-Senoussi, la Libye et les ONG s’opposent sur le lieu où devront se dérouler les procès.
Arrêté ce week-end, Seïf al-Islam Kadhafi va devoir être jugé, mais qui de la Libye ou de la Cour Pénale Internationale organisera le procès ? A travers le procès de l’héritier de Mouammar Kadhafi, ainsi que celui de d’Abdallah al-Senoussi, ancien chef des renseignements libyens capturé dimanche, la Libye souhaite montrer que le « lynchage » du Guide libyen lors de son arrestation appartient au passé et que le pays a dès aujourd’hui une justice capable : «Nous voulons que le procès de Seïf al-Islam ait lieu en Libye car la justice locale est la règle et la justice internationale l’exception» a déclaré le Ministre de la Justice Mohammed al-Allagui cité par Le Figaro. Une solution qui n’aurait pas à priori, la préférence des pays occidentaux.
La justice libyenne est-elle suffisamment organisée et indépendante ?
Ce n’est pas ce que pensent de nombreuses ONG : «D’habitude, nous encourageons les jugements par les justices nationales, confie au Figaro Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Mais nous pensons que Seïf al-Islam doit être déféré devant la CPI. L’état du système judiciaire libyen pose trop de questions. » De même, la puissante organisation Human Rights Watch (HRW) a déclaré que « le Conseil national de transition devrait remettre Saif al-Islam Kadhafi à la CPI ». « Saif Al-Islam qui a été appréhendé samedi dans le sud de la Libye, est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité suite à une enquête autorisée par la résolution 1970 du Conseil de sécurité de l’ONU. » rappelle HRW. La principale crainte de nombreuses organisations est que la présence importante au sein du CNT d’anciens proches de Mouammar Kadhafi n’entraîne une pression sur les juges et empêche toute la vérité de ressortir.
Mais avant tout procès, encore faut-il mettre définitivement la main sur Seïf al-Islam, ce qui n’est pas tout à fait le cas car celui qui était présenté comme l’héritier de Mouammar Kadhafi est en réalité prisonnier d’une tribu, à Zenten, qui pour l’instant n’a pas encore fait part de sa volonté de le transférer « Nous le livrerons seulement quand le gouvernement aura établi un système judiciaire fort », a déclaré un membre du comité politique des Zenten, Moussa Grife cité par Le Figaro. Une façon de faire monter les enchères sans doute.