Paris se tartine mode Houellebecq : cela fait bien, de dire qu’on aime les livres de cet individu sans relief et sans pensée, à peu près sans culture, et qui fait son marché dans les rayons les plus bas de l’humanité contemporaine des pays riches (exploitation des enfants, pédophilie, frustrations sexuelles, haines raciales, médiocrité générale des moeurs et des motivations…), pour composer des tableaux ennuyeux où, en effet, successivement, toutes ces bassesses nous sont comptées.
Ce provocateur à la petite semaine, et dont le style mime les sujets dans leur aspect terne et racoleur, réussit à fasciner l’intelligentsia de Saint-Germain-des-Prés, encouragée par son grand prêtre, Philippe Sollers, qui jouit de manière quelque peu morbide et élitiste de cet avilissement général des critiques littéraires…
Et pourtant ! Il faudrait dire avec colère ce que chacun pense à mi-voix, mais n’ose pas proclamer, face au consensus des flatteurs : il est abject d’écrire que l’on éprouve un frisson de plaisir lorsqu’un Palestinien se fait abattre. Et il est abject de ne pas dire sur-le-champ, quand la question est posée, que l’auteur n’est pas solidaire une seconde du personnage qui profère cette phrase.
Mais il faudrait, pour avoir le courage de la clarté, être bien certain que sans le soufre et sans l’ombre, il resterait quelque chose à monter en épingle, ou simplement à lire, dans son livre. De cela, Houellebecq lui-même est trop incertain – ou trop certain. Du coup, il biaise. Il est pourtant des valeurs et des principes avec lesquels on ne biaise pas. Parce qu’il doit, somme toute, beaucoup ressembler à ses personnages, M. Houellebecq ne le sait sans doute pas.