Le russe Vimpelcom Ltd, qui vient d’acquérir la majorité des actions d’OTH, devra discuter aujourd’hui avec l’Etat algérien de la suite à réserver à Orascom Telecom Algérie (OTA). Le gouvernement algérien a affiché sa franche volonté de racheter, sinon la totalité, du moins la majorité du capital de Djezzy. Le président russe Dmitri Medvedev est ce mercredi en Algérie pour une visite officielle à son homologue Abdelaziz Bouteflika.
Djezzy n’est plus égyptienne. Weather Investments, propriétaire majoritaire d’Orascom Telecom Holding (OTH), vient en effet de céder 51,7% de ses actions à l’opérateur russe Vimpelcom Ltd.Naguib Sawiris, chairman d’OTH, en concluant ce marché plus qu’avantageux pour les deux parties, s’extirpe ainsi du «bourbier algérien» d’une manière rêvée. Une entrée à hauteur de 20% dans le groupe russo-norvégien ainsi qu’une somme de 1,8 milliard de dollars.
Les termes de cette fusion-acquisition annoncée dans un communiqué commun, restent toutefois très vagues quant à l’avenir de la propriété algérienne de Sawiris, Orascom Telecom Algérie. Alors, Djezzy, le nom commercial d’OTA, a-t-il changé de main ? «Si la transaction a été effectuée au niveau de la maison mère, elle inclut ipso facto OTA», affirme Moussa Benhamadi, ministre des Postes et des Télécommunications, qui, se trouvant actuellement en déplacement, avoue cependant ne pas avoir plus d’éléments quant aux derniers développements du «dossier Djezzy».
Dans une déclaration à l’APS, Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie de la Petite et Moyenne entreprises et de la Promotion de l’investissement, affirme : «Ce sont deux opérations distinctes.» «La première concerne une transaction entre deux holdings internationaux et la seconde une procédure de cession de droits d’une société de droit algérien», a-t-il expliqué.
Il semblerait toutefois que le dénouement, assurément très proche, de cette affaire à rebondissements, pourrait connaître l’un de ces trois scénarios possibles.
Primo, l’Etat algérien pourrait ne pas s’opposer à cette transaction, en laissant à Vimpelcom la totalité des actifs d’OTA. Ce qui est d’ailleurs improbable compte tenu de la volonté affichée du gouvernement d’aller jusqu’au bout de la logique de reprise des cette entreprise. Ainsi, la seconde forme que pourrait prendre ce dossier est, comme l’ont à maintes reprises affirmé les ministres algériens, une reprise à 100% des actions d’OTA en vertu du droit de préemption sur toute cession à une tierce partie. Ce que confirme dans sa déclaration M. Benmeradi, qui réitère la volonté de l’Etat de se réapproprier Djezzy. Et rien ne serait en mesure de remettre en cause cette «procédure de cession de droits d’une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l’Etat algérien d’exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d’actions de la société OTA envisagée par la société mère», a expliqué le ministre.
Toutefois, l’on affirme du côté d’OTA que les discussions engagées par le gouvernement et Sawiris n’ont pas connu de suite et que les deux parties n’ont pas communiqué «officiellement» depuis plusieurs semaines. De même, cette nationalisation semble n’être que peu probable, l’opération d’évaluation de la valeur d’OTA ayant été suspendue.
Une nationalisation «hautement improbable», selon Vimpelcom
«La solution la plus envisageable demeure la préservation par l’Etat de 51% de la société, le reste des actions seront cédées au Russe qui en assurerait aussi le management», analyse une source proche du dossier. D’autant plus que, selon les différents analystes, l’intérêt de Vimpelcom dans cette fusion réside surtout dans l’acquisition de l’italien Wind à une hauteur de 100%. «L’Algérie n’est qu’un bonus, marché prometteur certes, mais dont une possession minoritaire suffirait», croit-on savoir. D’ailleurs, Alexander Izosimov, CEO de Vimpelcom, avoue que le sort de Djezzy, plus grosse source de revenus d’OTH, n’a pas encore été décidé. «Nous avons dû conclure ce deal en ayant intégré le risque Djezzy. Mais nous sommes absolument ouverts à un accord avec le gouvernement algérien et aspirons à résoudre ce problème à l’amiable», a-t-il déclaré à Reuters.
Il juge toutefois que perdre Djezzy à la faveur d’une nationalisation de l’Etat algérien, est un scénario «hautement improbable». Ce même Izosimov fait d’ailleurs partie de la délégation d’hommes d’affaires russes effectuant une visite à Alger, à partir d’aujourd’hui, en compagnie du président Dimitri Medvedev. Et même Sawiris est «sûr que Medvedev va soulever la question et qu’il va essayer de contribuer à améliorer les conditions dans lesquelles opère Djezzy». Et si Sawiris affirme qu’«il respecterait le désir du gouvernement algérien s’il décidait de prendre cette unité», il semblerait plus que cela soit un dernier pied de nez à l’égard d’un pays qu’il considère comme l’ayant poussé vers la sortie. Le «feuilleton» Djezzy va-t-il enfin trouver un épilogue ? Les quelques prochains jours seront certainement décisifs…
Ghania Lassal, pour El Watan