« Les diamants sont éternels » disait en 1938 le slogan de la société minière d’Afrique du Sud, De Beers, pour inciter à offrir un « brillant ». Les fortunes, elles, ne sont pas éternelles, mais celle des Oppenheimer détient un record de longévité en Afrique.
À la fin du XIXe siècle, Ernest Oppenheimer fonde le groupe minier sud-africain Anglo American, puis rachète en 1929 la compagnie diamantaire De Beers qu’il propulsera vers un quasi-monopole du diamant qui a duré jusqu’aux années 1990. La société est aujourd’hui dirigée par Nicky Oppenheimer, petit fils d’Ernest, 64 ans, deuxième fortune africaine avec 5 milliards de dollars, selon le classement Forbes. Nicky Oppenheimer a pris les rênes du groupe diamantaire en 1998, succédant à son père, Harry Oppenheimer, sans doute la figure la plus charismatique de cette dynastie.
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Né à Kimberley, la « ville du diamant » sud-africaine en 1905, il passe dix ans en Angleterre pour ses études, et rentre à Johannesburg en 1931. En 1957, il prend la direction de De Beers, remplaçant son père, Ernest, à ce poste. Harry sut faire fructifier la fortune léguée par ce dernier et fit d’Anglo American et de De Beers les symboles du luxe les plus convoités au monde. Décédé le 19 août 2000 à 92 ans, il était très impliqué dans la vie politique de son pays.
En 1948, il remporte un siège d’opposition à Kimberley au moment où son pays entre en apartheid. Député opposé au système ségrégationniste, il a eu maille à partir avec les autorités de son pays au sujet des conditions de travail des mineurs noirs sud-africains. Il déclare à ce propos sur le site officiel de son entreprise : « Nous sommes un groupe sud-africain et nous ne nous en cachons pas. Nous n’aimons pas la politique du gouvernement, mais nous pensons que l’Afrique du Sud est encore un grand pays, nous nous sentons patriotes. Et nous espérons toujours pouvoir le rendre meilleur. »
Travailleur acharné, Harry prend sa retraite en 1984, mais reste au conseil d’administration de De Beers jusqu’en 1994 et ses 86 ans. La fin d’un monopole Son successeur Nicky aura la lourde tâche de gérer la transition vers l’après-apartheid. C’est ainsi qu’en 2005 est nommé, à l’occasion d’un important remaniement, David Noko à la direction de De Beers Consolidated Mines (DBCM), la branche minière du groupe, raconte le journal Les échos. C’est le premier Noir à occuper une telle fonction dans l’histoire de la société et, de façon plus générale, des entreprises minières sud-africaines. De Beers, contrôlée, depuis 2001, à 45 % par le groupe diversifié Anglo American, agit ainsi dans le sens de l’entrée d’intérêts capitalistiques noirs dans son capital, comme l’exige la législation du pays promulguée en 2002, dite Black Economic Empowerment (BBE, voir p. 160). Dans la foulée, il annonce l’entrée de son jeune fils, Jonathan Oppenheimer, qui s’occupait depuis 2002 des activités extractives du groupe, dans le staff dirigeant.
Jonathan entre dans la danse
Avec son arrivée, les Oppenheimer n’ont pas de souci à se faire sur l’avenir de leur affaire. À 44 ans, Jonathan, le fils de Nicky, marié et père de trois enfants, a déjà fait le tour de la question. Frais diplômé de l’université d’Oxford en Grande-Bretagne, il part un an faire ses armes dans la maison De Beers à Londres. Puis il prend, pendant trois ans et demi, la direction des mines d’or d’Anglo American au Zimbabwe. Il est aujourd’hui le bras droit de Nicky Oppenheimer, son père, qui, du temps où Jonathan travaillait comme manager au sein du groupe, lui avait confié la charge des relations avec les gouvernements des pays où sont exploitées les mines de De Beers : Afrique du Sud, Botswana, Namibie et Tanzanie.
Au sein de l’état-major du groupe, la légitimité d’Oppenheimer junior ne souffre aucune contestation. « Il baigne dans ce monde depuis sa plus tendre enfance, confie un directeur de De Beers à L’Expansion. L’industrie diamantaire est pour lui une chose naturelle, il en est question à chaque repas de famille ». Ainsi va la dynastie Oppenheimer…
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