Dans une interview qu’il a accordée à trois chaînes de télévision camerounaises, Yves Michel Fotso, l’ex-dg de la compagnie nationale aérienne Camair, est revenu sur son passage à la tête de cette structure considérée comme la 11eme province du Cameroun. Une interview qui suscite de nombreuses interrogations et divisions au sein de l’opinion publique.
Notre correspondante au Cameroun
L’affaire Yves Michel Fotso défraie la chronique au Cameroun. Depuis son entretien télévisé vendredi dernier, Yves Michel Fotso est au centre des discussions. Les interrogations fusent. Pour quelles raisons a-t-il décidé de parler ? Qu’escompte-t-il à travers ce « grand déballage » ?
Pendant près de deux heures, il a fait le tour des questions liées à son passage à la Camair et à l’instruction judiciaire ouverte depuis quelques mois au sujet de la gestion de cette compagnie aérienne. Des problèmes de blanchiment d’argent, l’affaire Albatros, les détournements de deniers publics dont il est accusé, tout y est passé. Aujourd’hui l’opinion publique s’interroge sur l’opportunité d’une telle sortie médiatique. Il va sans doute que pour bon nombre de Camerounais, Yves Michel Fotso veut prendre l’opinion publique à témoin surtout que l’étau de l’épervier se resserre autour de lui.
Désigné à la tête de la Camair le 20 juin 2000, il va travailler au redressement de cette compagnie déclarée sinistrée. L’ex-dg a déclaré au cours de son entretien avec les journalistes que, grâce à lui, la dette de la Camair a été réduite. De 72 milliards de FCFA, elle serait passée à 49 milliards. « L’état camerounais devait plus de 22 milliards à la Camair et voulait que je continue à me débrouiller à colmater les brèches » ce qui d’après lui n’était plus possible.
Réactions en chaîne
Mais pourquoi a-t-il décidé de parler ? C’est la question que continuent à se poser les Camerounais. De même, la crédibilité d’une telle interview est mise en doute et les journalistes l’ayant réalisée sont mis sur la sellette car elle ne se serait pas déroulée dans les règles de l’art. Il serait question d’un arrangement entre les trois chaînes de télévision pour contenter Yves Michel Fotso, qui, à bout du rouleau, voulait probablement se défouler.
Les juristes sont clairs et l’opinion aussi, l’ex-dg de la Camair n’a qu’à bien se tenir et à être propre dans cette affaire de gestion de la Camair, car il y a sans doute de nombreux contradicteurs qui ont commencé, eux aussi, à se confier aux médias. Thomas Dakayi Kamga, l’ancien Administrateur directeur général de la Camair a répondu à Fotso dans un entretien accordé à un journal privé de la place.
Ce nouveau rebondissement de l’Opération épervier est loin de s’achever car d’après des sources introduites, cette interview, ce « grand déballage », n’a pas été apprécié en haut lieu. L’affaire reste à suivre. En attendant, Dakayi Kamga, incriminé par Yves Michel Fotso, a déclaré quant à lui avoir hérité « d’une société sans fonds de roulement avec un lourd endettement », ce qui contredit totalement les allégations de Yves Michel Fotso.
Yves Michel Fotso a-t-il eu raison de parler ? La suite de ce volet de l’opération épervier nous le dira. Mais pour l’instant, l’opinion camerounaise reste divisée sur le sujet.
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