Quelque mille policiers sont intervenus à l’aube à Villiers-le-Bel et ses environs pour arrêter une trentaine de personnes qui auraient tiré sur les forces de l’ordre lors des émeutes de novembre dernier. Le Parti Socialiste et le Mouvement Démocrate ont dénoncé cette opération, à laquelle de nombreux journalistes ont été conviés.
« Mettez les moyens que vous voulez (…) ça ne peut pas rester impuni », avait déclaré le président français Nicolas Sarkozy après que des policiers eurent été la cible de tirs lors des émeutes de novembre à Villiers-le-Bel. Les forces de l’ordre l’ont pris au mot. Après avoir remis l’opération à plus tard deux fois dans l’« attente d’éléments nouveaux et déterminants », elles se sont finalement jetées à l’eau ce lundi à l’aube. Quelque mille membres des CRS, du Raid, de l’Office central de répression du banditisme et de la police judiciaire, entre autres, se sont déployés à Villiers-le-Bel, Sarcelles, Gonesse – toutes trois des villes du Val d’Oise (95) – et aussi en Seine-saint-Denis (93).
Ils étaient à la recherche de 38 personnes soupçonnées d’avoir blessé 119 policiers, selon le ministère de la Justice, avec des fusils de chasse ou à pompe. Lors du raid, ils auraient arrêté 33 personnes. Une opération qui doit peut-être son succès aux tracts que la police avait distribués début décembre. Ils proposaient une rémunération de « plusieurs milliers d’euros » à quiconque témoignerait anonymement de « coups de feu tirés contre des policiers ».
Condamnations au centre et à gauche
Le Parti Socialiste et le Mouvement Démocrate ont rapidement condamné la façon dont s’est déroulée la sortie policière. Notamment en cause : l’invitation à l’événement de journalistes – apparemment non souhaitée par les policiers et le parquet. « Quand des caméras accompagnent des opérations policières massives en période municipale, je pense que c’est une façon d’influencer l’opinion, de vouloir faire peur », a dénoncé la socialiste Ségolène Royal. Et d’assimiler le raid à un « vieux réflexe de politique spectacle sécuritaire » destiné à faire oublier les problèmes économiques et sociaux avant les municipales de mars.
Le centriste François Bayrou a pour sa part déclaré sur les ondes d’Europe 1 : « Il est nécessaire de respecter le droit, la loi et la justice, et des incidents comme ceux qui ont eu lieu doivent avoir des suites. (…) Mais il semble que la presse a été conviée, et là je suis nettement plus réservé. J’ai toujours considéré que la justice ne devait pas s’accompagner d’une mise en scène. La justice, c’est fait pour obtenir l’arrestation et moins pour faire de la communication ».
Le maire prévenu « après les médias »
Le maire de Villiers-le-Bel s’est également plaint. « J’ai été prévenu par le sous-préfet à 06H02 qu’une opération de police se déroulait à Villiers, a expliqué Didier Vaillant dans une conférence de presse. Ce qui m’étonne, c’est que le maire soit prévenu après les autres, après les médias. C’est anormal. »
Semblant anticiper une mauvaise réaction dans les quartiers ciblés, la procureure de Pontoise a déclaré qu’elle espérait que « les habitants comprendront que nous sommes là pour rétablir l’ordre ». Quant au maire Didier Vaillant, il est déjà à pied d’œuvre : « Je pense que ce soir, Villiers-le-Bel retrouvera son activité normale. En tous cas j’y travaille ».