La mission conjointe CEDEAO-UA-ONU a été effectivement reçue en audience dans l’après-midi du lundi par le Président Alassane Ouattara. Tout s’est passé comme on pouvait s’y attendre. Aucune avancée notoire.
La rencontre entre la mission conjointe CEDEAO-UA-ONU, conduite par la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, et le Président ivoirien, Alassane Ouattara, a effectivement eu lieu dans l’après-midi du lundi. Tout s’est passé comme on aurait pu l’imaginer. La délégation a eu un entretien d’environ une heure d’horloge avec le chef de l’Etat ivoirien qui a fait la promesse d’organiser une élection « apaisée, inclusive et crédible ».
Et le chef de mission de dire : « Nous, la CEDEAO, les Nations Unies ainsi que l’Union Africaine avons assuré Monsieur le Président que nous allons donc travailler avec lui dans ce sens. Nous l’avons aussi assuré du fait que nous voulons atteindre un consensus pour avoir des élections apaisées, crédibles et inclusives. Nous, la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies, appelons tous les citoyens et acteurs à faire montre de restrictions et d’éviter des discours de haine et la violence ».
« Nous encourageons les acteurs politiques ivoiriens à avoir recours à tous les moyens légaux et apaisés afin de résoudre toutes les questions qui sont en suspens. Nous avons réitéré à l’endroit de Monsieur Ouattara, l’engagement de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies quant à un processus solidaire, car nous connaissons la place prépondérante que tient la Côte d’Ivoire dans la sous-région, sur le continent et dans le monde entier ».
Voilà à quoi se résume la rencontre annoncée. Rien n’a bougé, à la vérité. Comment peut-on logiquement s’attendre à une élection « apaisée, inclusive et crédible », comme le promet Alassane Ouattara et comme le répète le chef de la mission conjointe, lorsque tout est fait pour conduire le pays dans l’impasse ? Le premier acte de provocation posé par le régime en place et qui est à la base de tous les problèmes, mécontentements et manifestations est la candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat.
Tant que cette candidature est maintenue, peut-on s’attendre à une élection apaisée encore moins crédible ? La crédibilité de ce scrutin est d’office remise en cause quand on voit le niveau d’assujettissement à l’exécutif des principales institutions chargées du processus électoral, à savoir : le Conseil constitutionnel et la Commission électorale indépendante qui, aux yeux de l’opposition, sont tout simplement devenus illégitimes.
Enfin, comment peut-on parler d’une élection inclusive alors même que ce processus électoral a fait de l’exclusion de certains candidats une règle de fonctionnement ?
Sur ces questions qui sont au cœur même des tensions en Côte d’Ivoire et qui ont motivé la décision de l’opposition d’inviter ses militants à une manifestation au Stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, le 10 octobre prochain, la mission n’a rien obtenu comme concession de la part du Président Ouattara. Dans ces conditions, une seule conclusion logique s’impose d’elle-même : cette mission passe tout simplement pour une balade de santé.