La lutte contre la pauvreté en Afrique était hier, à New York, au centre des débats de la 63è session de l’Assemblée générale de l’Onu. Le secrétaire général de l’organisation des Nations Unies en a profité pour rappeler aux pays riches leur promesse de doubler leur aide à l’Afrique, qui peine à sortir de la pauvreté.
Aucun pays d’Afrique n’atteindra les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Des objectifs qui tablaient sur une réduction de moitié de la pauvreté d’ici à 2015. Le constat de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu, est amer. Sur les 25 milliards de dollars promis pour l’horizon 2010 par les huit pays les plus industrialisés du monde, lors du sommet de Gleneagles en 2005, seuls 4 milliards ont été accordés. C’est-à-dire même pas le quart du montant initialement prévu. Pis, « les flux d’aide des pays donateurs ont diminué de 4,7 % en 2006 et de 8,4 % l’année dernière 2007 », note l’Organisation.
La déception africaine
Hier à New York, lors d’une rencontre de haut niveau sur le développement de l’Afrique, réunion qui se tenait en marge de l’Assemblée générale des nations Unies, Jakaya Kikwete, le président tanzanien de l’Union africaine, a exprimé « la déception de l’Afrique face à l’inaptitude des pays développés à honorer leurs engagements ».
Pour leur part, les délégués des pays en développement, par la voix de Kemal Dervis, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « se demandent pourquoi on n’arrive pas à trouver les 20 milliards de dollars de plus promis à l’Afrique, alors qu’aux Etats-Unis, on arrive à trouver 700 milliards de dollars pour rétablir le secteur financier ».
Ban Ki-moon ne désespère pas pour autant. Selon lui, les objectifs du millénaire restent encore atteignables. Mais à une condition : l’Afrique doit recevoir près de 72 milliards de dollars par an. Un chiffre qui, dit-il, paraît abordable face aux 267 milliards de dollars de subventions accordés aux agriculteurs occidentaux. Il a donc appelé les pays donateurs à mettre en œuvre leur promesse de doubler l’aide à l’Afrique.
Une aide qui paraît indispensable pour soutenir la croissance amorcée par l’Afrique depuis quelques années, même si celle-ci, qui devrait dépasser 6% cette année, ne profite pas encore à la majorité des populations africaines. Le défi revient alors à booster cette croissance et à la rendre bénéfique pour tous.
Repenser l’aide
Pour Nicolas Sarkozy, de nouveaux préceptes d’aide au développement s’imposent. Il faut «remettre le secteur privé au cœur du développement» préconise-t-il. Le président français insiste aussi sur le respect des conditions émises par les bailleurs de fonds en matière de bonne gouvernance et de droits de l’homme.
«Evitons la répétition des erreurs du passé», a-t-il lancé à ses collègues. Il a également mis en garde l’Afrique contre un ré-endettement et sa trop grande dépendance de l’exportation des matières premières. Il va même plus loin. Dans une allusion à peine cachée à la Chine, il a déploré que «de nouveaux bailleurs multiplient l’aide sous forme de projets», une formule jugée inadaptée à la transparence des marchés et à la responsabilisation des acteurs économiques africains.
La méthode chinoise sur le continent n’est certes pas irréprochable, mais nombre d’économistes s’accordent à dire que l’Afrique a plus a y gagner qu’à perdre. Il appartient à ses dirigeants de faire les bons choix et de garder les yeux ouverts.