L’Afrique, peu émettrice de gaz à effet de serre, subit de manière disproportionnée les impacts dévastateurs du changement climatique, souligne un nouveau rapport de l’OMM.
Le changement climatique est un défi mondial, mais ses impacts sont loin d’être équitables. L’Afrique, pourtant peu contributrice aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les conséquences dévastatrices de ce phénomène. Selon un rapport récent de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le continent africain est frappé de manière disproportionnée par les effets du réchauffement climatique, avec des répercussions catastrophiques sur son économie, sa sécurité alimentaire et ses populations.
Un impact surdimensionné du fardeau financier
Les pays africains, bien que peu responsables du réchauffement climatique, voient leur économie souffrir de manière disproportionnée. En moyenne, ils perdent entre 2 à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) pour faire face aux extrêmes climatiques tels que les sécheresses et les inondations. Pire encore, certains réaffectent jusqu’à 9 % de leur budget national pour atténuer ces impacts, une charge énorme pour des économies déjà fragiles.
L’année 2023 a été particulièrement meurtrière pour l’Afrique. Des records de chaleur ont été enregistrés en Afrique du Nord, atteignant des températures extrêmes comme les 50,4°C relevés à Agadir, au Maroc. Ces vagues de chaleur s’accompagnent de sécheresses et d’inondations dévastatrices, exacerbant une crise humanitaire déjà désespérée. En septembre et octobre 2023, environ 300 000 personnes ont été touchées par des inondations dans dix pays, notamment au Niger, au Bénin, au Ghana et au Nigéria.
Une menace croissante de la sécurité alimentaire
Les phénomènes climatiques extrêmes ont également des répercussions directes sur la sécurité alimentaire du continent. La production céréalière de l’Afrique du Nord en 2023 a chuté de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cette baisse, combinée aux précipitations irrégulières et à l’insécurité généralisée, menace d’aggraver la situation alimentaire dans plusieurs régions, plongeant des millions de personnes dans la faim.
Face à ces défis, l’adaptation au changement climatique est essentielle, mais elle a un coût élevé. Le rapport de l’OMM estime que l’adaptation en Afrique subsaharienne nécessitera entre 30 et 50 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie, soit 2 à 3 % du PIB de la région. Sans mesures adéquates, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres pourraient être exposées à des conditions climatiques extrêmes d’ici 2030, rendant encore plus difficile la lutte contre la pauvreté.