L’hôtel Onomo Dakar Airport a ouvert ses portes la semaine dernière au Sénégal. Ses fondateurs, les français Philippe Colleu et Christian Mure, anciens cadres du groupe Accor, projettent de créer d’ici cinq ans un réseau d’une trentaine d’hôtels de moyenne gamme à travers le continent africain.
« Une classe moyenne émerge en Afrique ! », s’exclame Philippe Colleu, cofondateur avec Christian Mure d’Onomo international. Une classe moyenne que les deux chefs d’entreprise espèrent séduire avec leur nouvelle chaîne d’hôtels trois étoiles. Leur projet part d’un constat : le marché des chambres de moyenne gamme est porteur, presqu’inoccupé et donc à conquérir. « Le marché est divisé entre une hôtellerie de luxe vieillissante et une hôtellerie de gamme inférieure pas souvent homogène dont on s’échange les adresses sous le manteau. Donc il faut développer les produits de moyenne gamme », explique Christian Mure. Le client type visé : « l’homme d’affaire africain régional ou occidental et les cadres de PME européennes ». Une clientèle qui sera composée, attendent-ils, de 70% d’Africains et 30% d’Européens.
Premier né de la chaîne qu’ils comptent développer sur tout le continent, le Dakar Airport. Un établissement de 108 chambres qui a ouvert ses portes le 8 novembre dans la capitale sénégalaise. La campagne de publicité développée en amont semble avoir porté ses fruits. Proposant un tarif de 39 000 francs CFA (60€) par chambre, la clientèle se bouscule déjà dans cet hôtel confortable dont le mur d’enceinte en terre crue, hérité de l’architecture sahélienne, garantit la fraîcheur à l’intérieur. Des architectes français, un maître d’ouvrage ivoirien, trois entreprises d’ouvrage sénégalaises, les « coûts de construction sont inférieurs à ceux des cinq étoiles, 10 à 15% moins chers que ce qui se fait en moyenne au niveau international », affirme Philippe Colleu. Des coûts encore réduits grâce à une exonération sur l’investissement consentie par l’Etat sénégalais.
Un pari sur la croissance africaine
Après le Sénégal, Philippe Colleu et Christian Mure entendent ouvrir dans les deux années qui viennent des hôtels à Abidjan puis Bamako. Leur objectif est de créer un réseau d’une trentaine d’établissements dans les cinq prochaines années et, à long terme, qu’il y en ait au moins un dans chaque capitale africaine. Créé en 2008, Onomo international a réussi à réaliser une première levée de fonds de 4 M d’euros en 2009 qui a permis d’amorcer le développement des trois premiers hôtels. Une enveloppe qui s’élevait à 20 M d’euros l’été dernier. Une part du capital investi l’est par des hommes d’affaires africains. « Pendant qu’en Europe on cherche l’argent, en Afrique il y en a beaucoup qui circule », constate Christian Mure, qui se félicite que les Africains investissent plus facilement leurs économies sur place qu’autrefois. La composition du capital d’Onomo reflète cette évolution. Ce dernier est réparti entre les deux cofondateurs (20%), le directeur financier George Brunet, et des investisseurs privés européens, nord-américains et africains. Aucun fond d’Etat n’a été injecté dans le projet, assurent les responsables de la société.
Interrogés sur les chances de réussite de leur projet, les dirigeants d’Onomo affichent un optimisme sans faille. L’essor économique de l’Afrique est prometteur. « Je suis en train de vivre en Afrique exactement ce que je vivais en Chine à la fin des années 80 », se rappelle Christian Mure, qui a développé le réseau hôtelier Accor dans l’Empire du milieu durant les années 80. Une assurance que vient conforter Philippe Colleu : « L’Afrique est la terre du futur, la terre des opportunités ! »
Dans la cosmogonie dogon, Onomo est celui que la déesse Ama a chargé de créer l’ordre et l’harmonie sur terre