Bien que la silhouette imposante de Mouss Diouf crève encore l’écran dans la série policière » Julie Lescaut « , celui-ci est en ce moment sur scène dans » Avant quand j’étais noir « . Un one man show dans lequel le comédien d’origine sénégalaise partage des pans de sa vie avec les spectateurs au Théâtre de la Main d’Or à Paris.
Mouss Diouf est à l’affiche du Théâtre de la Main d’Or, à Paris, dans un one man show depuis le 8 avril dernier. Dans une pièce co-écrite avec Julien Kramer et Christophe Petit, il nous plonge dans le film de sa vie. » Avant quand j’étais noir » est un délice à consommer sans retenue. En 90 minutes, le comédien offre du rire à tour de bras. Il prévient toutefois, » c’est du deuxième degré « . D’auto-dérision en dérision, l’histoire de sa vie est aussi une invitation à la réflexion sur les sujets de société que sont l’intégration et l’éducation.
Pierre Moustapha Diouf alias Mouss Diouf, parti du fleuve Sénégal en direction des bords de Seine, se présente sur scène dans une obscurité totale qui ne laisse entrapercevoir aucune forme…si ! ses dents. » Elle est bonne celle-là « , lâche-t-il après la blague. Une succession de sketches, des formules bien amenées provoquent l’hilarité d’un public conquis. Avec beaucoup d’allant, et un sens de l’improvisation avisé, il vogue entre humour et…sérieux.
Une visite guidée à la rencontre des accents propres aux régions de France, met en exergue son talent d’imitateur.
Je suis noir !
Avec un humour qui lui sied à merveille, Mouss s’attarde sur les périphrases » hypocrites » pour désigner la couleur de sa peau. » Autant l’aveugle est un non voyant, autant, vous me traitez d’homme de couleur. » La messe est dite. Le comédien, dans un accent qui rappelle le wolof (langue de Dakar), précise bien qu’il est noir et fier de l’être. C’est aussi l’occasion pour lui d’envoyer quelques pics en direction des Antillais, des Maghrébins, des Blancs. Toujours, au « deuxième degré ».
Il y a, il est vrai, matière à rire dans ce spectacle, mais le parcours de cet immigré, intégré, donne à réfléchir. De Marseille à Bobigny, des rings de boxe aux cours de théâtre, Mouss Diouf a gravi un à un les échelons de la société. Le » grand frère » qu’il est aujourd’hui appelle les jeunes générations au respect du pacte social. Une réussite qui peut inspirer un dépassement de soi.
Pour une première, le One Mouss show est un régal. Un rendez-vous peut-être court, tant les spectateurs en redemandent encore. Mais ne dit-on pas que les bonnes choses ont une fin ?
Avant quand j’étais noir, Théâtre de la Main d’Or
15, passage de la Main d’or, 75011 Paris
Du mardi au samedi à 20h15.