Nawal Al Saadaoui sera peut-être séparée de son mari à la fin du mois. Pour les profanes, Nawal est une grande écrivaine féministe égyptienne.
Elle a à son actif une quarantaine de (beaux) livres. C’est une intellectuelle libre. Elle n’a jamais cédé devant le conservatisme de ses pairs, à la censure exercée par un pouvoir frileux et devant la menace intégriste. Et c’est peut-être un tribunal qui prononcera son divorce forcé. Historique. Un avocat, d’obédience islamiste, grand coutumier de procès à sensation, a demandé l’annulation du mariage de Nawal Al-Saadaoui pour apostasie.
L’avocat l’accuse » d’avoir renié les préceptes de la religion et méprisé l’islam « . Et donc indigne de vivre avec un croyant. Il va sans dire que l’avocat marron ( à ne pas confondre avec marrant) a reçu l’aide éclairée de la mosquée d’Al-Azhar et celle du grand muphti du Caire.
Les islamistes égyptiens, décidément très procéduriers, ont déjà essayé de séparer le prix Nobel de la littérature, Naguib Mahfouz, en 1996. Pour apostasie ! Les avocats de l’écrivain avaient réussi à briser le rêve des islamistes en faisant de sorte que la Cour constitutionnelle se prononce pour que seul le parquet puisse demander le divorce. Jurisprudence 1996, » loi Naguib Mahfouz « , comme disent les intellectuels égyptiens.
Que l’on ne s’y trompe pas. Cette action est loin d’être anecdotique. L’islamisme politique égyptien avance en rampant. Légaliste, il grignote tous les jours plus d’espace. Dans la dernière Foire du Livre, les intégristes ont réussi à faire interdire plusieurs ouvrages. Inquisition. Le pouvoir égyptien, en cédant devant leurs actions légalistes, serait-il en train de faire leur lit ?