La veille du scrutin, la Conel se disait confiante sur le déroulement des législatives. Sans doute a-t-elle présumé de ses forces. Refus de vote, fraudes et irrégularités ont émaillé cette journée électorale. Laissant une impression persistante de désordre et de confusion.
De notre envoyée spéciale
Dimanche, vers midi, Denis Sassou Nguesso arrive au bureau de vote de Ouenzé. Accueilli par les interpellations de nombreux électeurs en colère : » On nous empêche de voter « , crient-ils en brandissant leur carte d’électeur. Le ton est donné. Partout, dans les bureaux de vote de Brazzaville, les protestations et les incidents se multiplient. Les gens ont leur carte d’électeur, mais ne trouvent pas leur nom sur les listes électorales. Ou l’inverse. Dans les deux cas, on refuse leur vote qu’on avait accepté aux présidentielles. Et ils ne comprennent pas pourquoi les règles ont changé pour les législatives. Des directives de la Conel (Commission nationale d’organisation des élections) interviendront finalement en milieu de journée pour accepter ces votes si l’électeur est accompagné de témoins. Sans toujours convaincre les chefs de quartier récalcitrants.
Organisation anarchique
Bientôt, quelques réclamations pour fraude viennent s’ajouter au mécontentement des électeurs. Un candidat indépendant saisit la Conel affirmant avoir constaté qu’à six heures du matin, une heure avant l’ouverture des bureaux, l’urne était déjà remplie de bulletins d’un candidat du PCT (Parti congolais du travail). Une affirmation démentie par la suite. A la même heure le général Mackoumbou, un leader de l’opposition, s’aperçoit que ses bulletins de vote ont été confondus avec ceux d’un concurrent. Et précise toutefois qu’il s’agit d’un dysfonctionnement, et non d’une intention de brider les opposants au régime.
La veille du vote, le rapporteur général de la Conel estimait que » l’industrie électorale congolaise était au point et que les dysfonctionnements précédemment observés étaient maîtrisés. » Force est de constater qu’il n’en est rien. Partout le désordre règne.
Enfin, dans le quartier de Talangai au nord de Brazzaville, le vote a été perturbé et les bureaux fermés quelques heures.
Eparpillement des voix
Une impression encore accrue par l’extrême éparpillement des partis politiques, associations et indépendants en lice. Le PCT au pouvoir avait organisé des primaires pour choisir ses candidats. Mais ses membres évincés ont décidé de se présenter en indépendants et de concurrencer les candidats du parti. Interrogé à ce sujet, le secrétaire général du parti préfère parler de démocratie plutôt que de dissidence, tout en précisant que certains pensent pouvoir s’affirmer par leur argent et corrompent la démocratie. Quant à l’opposition, elle a échoué à mettre en place une stratégie commune, qui se résume à une seule décision : ne se présenter que là où elle a des chances de l’emporter, soit dans 100 circonscriptions sur 137.
D’un côté comme de l’autre, on s’accorde sur une chose : il sera difficile d’obtenir une majorité au premier tour. La plupart des partis s’organisent sur une base ethnique et il en existe 52 au Congo. Et chacun fonde ses espoirs sur les accords de désistement du second tour.