On ne l’avait pas vu au cinéma, notamment depuis Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, et il revient avec un sujet difficile. Omar Sharif est le héros du premier long métrage du cinéaste français Laurent Vinas-Raymond, J’ai oublié de te dire…, une réflexion nécessaire sur la fin de la vie et ses dilemmes.
Jaume, alias Omar Sharif, est un vieil homme dont le quotidien est rythmé par la peinture, ses souvenirs de champion cycliste, les apparitions d’un simplet aux obsessions monochromes, les visites du fils de son ancien garagiste et de sa demi-sœur. Quand il rencontre Marie, 25 ans, incarnée par Emilie Dequenne, Jaume trouve la jeune femme, désœuvrée, un peu envahissante. Mais au fil du temps, l’instinct protecteur qu’il développe pour Marie va faire d’elle un pilier dans son existence que la maladie rend difficile.
Vieillir dans la dignité
Pour son premier long métrage, J’ai oublié de te dire…, dans les salles françaises ce mercredi, Laurent Vinas-Raymond, s’attaque à la délicate question de la vieillesse dans les sociétés occidentales. L’amitié inattendue entre ses deux héros est le prétexte pour évoquer la fin de vie et les choix douloureux qu’elle impose. La maladie d’Alzheimer plonge Jaume et les siens dans un désarroi sans nom. Laurent Vinas-Raymond tente de reconstituer, par petites touches à travers des scènes-clé, la vie qui s’en va, la mémoire qui flanche et le désir d’en finir quand on se sent diminué. C’est du moins ce qu’on retient de l’intrigue. Peut-être parce que l’autre partie – la première -, celle où s’installe l’amitié entre la jeune fille et le vieil homme, peine à intéresser. Le duo Dequenne-Sharif manque de spontanéité : on voit des acteurs jouer et non des personnages vivre. Il y a néanmoins dans J’ai oublié de te dire…, un avant et un après. La bascule se fait quand le personnage de Jaume est lié pieds et poings à la maladie et qu’il souhaite vieillir dignement. Sa douleur fait écho à celles enfouies de ceux qui l’entourent. Comme sa sœur Gabrielle, qui explique à Marie, comment elle a dû se battre pour gagner l’affection de son frère qui n’a eu aucun mal à l’offrir spontanément à la nouvelle venue qu’elle fut.
J’ai oublié de te dire… est un film irrégulier aussi bien en intensité qu’en émotion, mais son propos mérite le détour. Tout comme la présence d’Omar Sharif, 78 ans, qui semble s’être mis ces dernières années en mode transmission sur les écrans. Ce n’est pas la première fois qu’il s’embarque dans une amitié improbable, celle où un fringant vieil homme a les faveurs d’une jeunesse en chantier. Sa prestation dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2002) de François Dupeyron lui avait d’ailleurs valu le Cesar du meilleur acteur en 2004. J’ai oublié de te dire… ouvre les portes d’une nouvelle expérience, intéressante mais pas toujours convaincante, mais les deux fictions ont l’avantage d’avoir un excellent point commun : Omar Sharif en patriarche. Un rôle qui sied bien à ce monstre sacré du cinéma.
J’ai oublié de te dire… de Laurent Vinas-Raymond
Avec Omar Sharif et Emilie Dequenne
Sortie française : 28 avril 2010
Durée : 1h40 mn