En tournée dans toute la France jusqu’au mois de décembre, Omar Pene, le chanteur sénégalais du Super Diamono revient sur le devant de la scène avec un nouvel album Ndayaan. Cet album acoustique est la suite logique du précédent Ndam. Avec des sonorités plus rythmées grâce au merveilleux mariage du cora et de l’accordéon, il symbolise l’ouverture vers d’autres styles musicaux. L’artiste connu aussi pour son légendaire engagement en faveur de la paix en Afrique et sa fibre panafricaniste, ne manque pas d’aborder ses thèmes de prédilection dans ce nouvel opus. Rencontre.
Afrik.com : Quelle est la particularité de votre nouvel album Ndayaan ?
Omar Pene : C’est un album acoustique qui est la suite logique de Ndam. Il a été enregistré à Paris et des musiciens français ont participé à son élaboration. On a inclus des instruments traditionnels comme le cora et l’accordéon. Il est beaucoup plus rythmé que le précédent. Je pense que c’est important pour un artiste de voyager à travers sa musique et de faire des rencontres. C’est vraiment un album world que tout le monde peut écouter.
Afrik.com : Vous avez réalisé cet album à titre personnel loin du Super Diamono. Qu’est ce qui est différent lorsque vous chantez en solo ?
Omar Pene : Le Super Diamono c’est le big-bang. Le groupe a beaucoup de fans au Sénégal, qui sont pour la plupart jeunes. Les albums solos, c’est autre chose, j’essaye de faire une musique plus élaborée que je cherche à améliorer. Cela fait déjà des années que je chante et j’avais besoin d’explorer autre chose que ce que je faisais d’habitude. C’est aussi une manière de rencontrer du monde, de voyager et d’apporter quelque chose de neuf.
Afrik.com : Vous avez toujours eu une musique très ouverte notamment lorsque vous chantez avec le Super Diamono. Mais aujourd’hui le mbaalax est la musique la plus écoutée au Sénégal au détriment des autres genres musicaux que l’on entend très peu. Qu’en-pensez-vous ?
Omar Pene : Le mbaalax domine en effet au Sénégal car c’est la musique la plus appréciée des Sénégalais. Je dirais même que c’est un véritable effet de mode. C’est un fait, les Sénégalais adorent le mbaalax et cela je pense qu’on n’y peut rien (rires). On l’entend partout dans les boîtes de nuit, les grandes fêtes. De plus en plus de chanteurs chantent dans le style du mbaalax. C’est une musique très dynamique, faite pour danser et mettre l’ambiance. Chaque style musical a son public. Mais les artistes de renommée comme Youssou Ndour, Ismael Lô ont réussi à exporter la musique sénégalaise à travers le monde.
Afrik.com : Vous êtes aussi connu pour votre légendaire engagement pour la paix en Afrique et le panafricanisme. C’est un besoin pour vous de défendre ces thèmes à travers vos chansons ?
Omar Pene : Nous sommes des ambassadeurs et des messagers en quelque sorte. J’ai la chance de pouvoir parler des problèmes auxquels sont confrontés les Africains à travers mes chansons. Et c’est d’ailleurs pour cela que je chante. Je pense que lorsqu’on est un chanteur africain on a beaucoup de choses à dire.
Afrik.com : Vous abordez aussi beaucoup les problèmes de la jeunesse africaine qui est en grande difficulté aujourd’hui…
Omar Pene : Aujourd’hui les jeunes sont confrontés à de multiples problèmes. Les jeunes attendent des solutions pour leur avenir. C’est quand même grave qu’aujourd’hui des jeunes prennent le bateau pour se rendre en Espagne avec tous les risques que ça implique, tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’avenir dans leur pays. Il faut que les politiques offrent des perspectives d’avenir à ces jeunes pour les retenir.
Afrik.com : Le Sénégal vit une crise politique majeure. Le président Wade s’est présenté alors que la Constitution ne semblait pas le lui permettre. Quel votre avis sur la situation ?
Omar Pene : Je pense qu’aujourd’hui on ne peut plus leurrer son peuple ou ne pas tenir ses promesses. C’est une époque révolue tout cela. Le peuple est souverain, personne ne peut aller à l’encontre de la volonté du peuple. Nous vivons dans un village planétaire. Le monde est interconnecté. Tout le monde sait ce qui passe ailleurs. Les révolutions arabes en sont un parfait exemple. Les jeunes ont pris leur destin en main car ils en avaient marre de vivre dans des régimes autoritaires.
Afrik.com : Les Sénégalais peuvent-ils se soulever à leur tour contre le régime de Wade ?
Omar Pene : Actuellement les Sénégalais attendent de voir comment va réagir le Conseil Constitutionnel qui doit valider ou non la candidature d’Abdoulaye Wade. Cette décision est très importante car ce sera l’occasion pour le Sénégal de prouver qu’il est une véritable démocratie. Le monde entier observe le Sénégal pour voir comment la situation politique va évoluer à l’approche des élections. Si le Conseil Constitutionnel invalide la candidature de Wade ce sera une véritable leçon de démocratie pour le pays.
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