Bonne moisson pour les 35èmes Assises de la Presse Francophone, organisées cette année à Libreville. Le chef de l’Etat gabonais s’est solennellement engagé en faveur de la liberté de la presse et de la disparition des peines de prison pour les délits de presse.
Oui à la liberté de la presse, non aux peines de prison pour les délits de presse. Les 173 représentants de la presse francophone rassemblés du 4 au 8 octobre à Libreville ( Gabon) ne se seront pas réunis pour rien. Au delà de la qualité des réflexions qui ont émaillé ces quatre jours de débats, conduits par Olivier Zegna Rata, Directeur des Relations extérieures du Groupes Canal Plus, au-delà de l’importance des résolutions finales qui concernaient spécifiquement les enjeux de la formation des journalistes, les délégués de toute la presse francophone ont recueilli une déclaration importante du président gabonais Omar Bongo, qui les recevait à la présidence.
Interrogé par Hervé Bourges, Président de l’Union de la Presse Francophone, sur la nécessité de proscrire les peines de privation de liberté pour les journalistes poursuivis pour délits de presse, Omar Bongo s’est solennellement engagé à faire en sorte que le prochain Sommet de la Francophonie, qui se réunira en novembre 2004 à Ouagadougou, au Burkina Faso, adopte une motion en ce sens en tête de ses résolutions.
La déclaration du président gabonais prend d’autant plus de force dans un contexte africain particulièrement tendu pour les journalistes : correspondant de RFI arrêté en Guinée Equatoriale, correspondant de RFI expulsé au Sénégal, trois journalistes ou responsables de radio placés en détention provisoire depuis plus de quinze jours au Mali, havre de démocratie jusque là et pays profondément démocratique.
L’engagement du Président Omar Bongo ne vaut que pour lui-même, mais il va dans le sens de la réponse qu’ont déjà faite plusieurs chefs d’Etat francophones et Hervé Bourges pense désormais que « le problème ne pourra pas être éludé lors du prochain Sommet francophone. »
Les enjeux, en termes institutionnels, politiques et médiatiques, sont plus fondamentaux qu’il n’y paraît. Une telle résolution pourrait faire de l’espace francophone une vraie communauté politique, dont le Secrétaire général pourrait rappeler à l’ordre les membres contrevenants, voire proposer qu’ils soient sanctionnés ou suspendus, s’ils ne respectent pas la liberté de la presse. Un pas de géant dans la perception politique de la Francophonie, qui pourrait s’enorgueillir d’être ainsi un club de pays ayant en commun des valeurs démocratiques et sociales fondamentales, au premier rang desquelles la liberté de la presse.