Olympio, champion de l’opposition


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Drapeau du Togo
Drapeau du Togo

Le leader de l’opposition togolaise marque des points. Petit à petit, Gilchrist Olympio mobilise l’attention de la communauté internationale. Dans sa ligne de mire : Eyadéma, le colonel président, au pouvoir depuis 35 ans. Interview du gentleman qui malmène la dictature.

Avec ses allures de golden boy, son sourire confiant et son humour inébranlable, Gilchrist Olympio séduit la communauté internationale. On en oublierait presque qu’il est astreint à l’exil politique. Qu’il a vu son père, le président Sylvanus Olympio, se faire assassiner. Et qu’il lutte depuis 35 ans contre la dictature du général Eyadéma. Le chef de l’Union des forces du changement (UFC) montre la voie. 2003, date de la prochaine présidentielle, sera selon lui l’année de la révolution démocratique. Interview.

Afrik.com : M. Olympio, à l’issue des élections manquées de 1998 au Togo, vous avez beaucoup misé sur la médiation de l’Union européenne pour résoudre la crise, ne perdez-vous pas espoir ?

Gilchrist Olympio : Les facilitateurs de l’UE ont mis du temps à comprendre la sociologie de la dictature africaine, mais c’est chose faite. Et je suis heureux de voir l’intérêt que l’Europe porte à notre pays. D’autant plus que c’est un tout petit pays, sans pétrole ! Eyadéma est à présent sous le contrôle des médias internationaux et personne n’est plus dupe de sa dictature. Il sera bien obligé d’organiser un vrai scrutin en 2003.

Afrik.com : Mais si le régime persiste à ignorer les pressions de la communauté internationale, envisagez-vous une alternative à la prise de pouvoir électorale ?

Gilchrist Olympio : Je suis pour une lutte non-violente. Il y a d’autres moyens de faire pression, aujourd’hui, sur une dictature que la force. Il existe déjà des sanctions économiques. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international boudent le Togo. Et puis on peut aussi penser à des sanctions ciblées, comme cela est à l’étude dans les cas de MM. Mugabe et Taylor. Si les comptes de M. Eyadéma étaient bloqués et s’il était persona non grata à l’étranger, je peux vous assurer qu’il finirait par se sentir très à l’étroit dans notre petit pays.

Afrik.com : Si vous étiez élu en 2003, quel seraient vos directives concernant M. Eyadéma ?

Gilchrist Olympio : L’Etat ne poursuivra pas M. Eyadéma. Ce serait une perte de temps. Tout est à reconstruire au Togo et il y a fort à faire. Ceux qui le souhaiteront seront cependant libres de lui intenter un procès pour crime contre l’humanité. Il y a des lois internationales pour cela.

Afrik.com : Vous vous tournez beaucoup vers les Etats-Unis et vers l’Europe. Avez-vous l’impression d’être aussi soutenu par la communauté politique africaine ?

Gilchrist Olympio : Il est vrai qu’il y a un syndicat de chefs d’Etat en Afrique, dont la règle est, au mieux, de ne pas se mêler des affaires des autres. Ce sont des relations de bon voisinage. Les démocraties sont souvent vulnérables sur le continent. Pourtant, même au sein de l’Organisation de l’union africaine, il me semble que l’on assiste à une évolution. L’ère des vieux dictateurs touche à sa fin. Ils le sentent bien. Mais on ne peut pas leur demander de se couper eux-même la tête.

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