Les Nations Unies expriment des préoccupations croissantes face à de possibles exactions perpétrées par l’armée soudanaise alors qu’elle mène une offensive pour reprendre Khartoum. Depuis dix jours, l’armée regagne du terrain dans la capitale, reprenant le contrôle de plusieurs quartiers auparavant dominés par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Arrestation d’individus soupçonnés de complicité
Parmi ces quartiers, Khartoum Nord fait l’objet de graves accusations : l’armée y aurait procédé à des exécutions sommaires de civils, notamment des jeunes hommes soupçonnés de collaborer avec les FSR. Selon Samier Ali Makeen, membre de l’organisation Avocats d’urgence, plusieurs dizaines de jeunes hommes auraient été exécutés au cours de cette offensive.
« Certaines personnes ont effectivement collaboré avec les FSR. Lorsque l’armée a pris le contrôle du quartier d’Alfaya, ces individus, soupçonnés de complicité, ont été arrêtés et abattus. Sur les vidéos qui circulent, on entend les soldats les accuser de collaboration… Mais cela peut signifier bien des choses ! Ces hommes auraient dû être traduits en justice et des preuves apportées avant toute condamnation », déplore-t-il.
Des cas d’exactions dans d’autres régions du Soudan
Samier Ali Makeen souligne que cet incident n’est malheureusement pas isolé. Des actes similaires auraient déjà été signalés à Omdurman et dans les monts Nuba. Il rappelle que l’armée soudanaise n’est pas la seule en cause dans ces exactions : les deux belligérants, l’armée et les FSR, sont accusés de violences similaires contre les civils.
« Les deux parties se livrent à ces pratiques répréhensibles », précise-t-il. Radhouane Nouicer, responsable des droits de l’homme au Soudan pour l’ONU, s’inquiète également de ces rapports alarmants et appelle à une enquête approfondie pour établir les responsabilités. « Il y a suffisamment d’indices pour croire que des membres des Forces armées soudanaises ou de leurs alliés pourraient être impliqués », redoute ce représentant onusien.
« Cependant, des investigations impartiales sont nécessaires pour faire toute la lumière sur ces événements. Même en temps de guerre, des règles existent, et elles doivent être respectées », insiste-t-il.