Deby, Sassou et Bongo renvoyés dans les cordes par la justice. Démarré depuis le 26 février à Paris, le procès pour offense à chef d’Etat qui opposait Déby, Sassou et Bongo (présidents du Tchad, du Congo et du Gabon) à François Xavier Verschave, président de l’Ong « Survie », a connu son épilogue.
Ce triumvirat a été débouté par la 17 ème chambre correctionnelle de Paris. On les a renvoyés dans les cordes. Idriss Déby, chef d’Etat Tchadien, est un « criminel notoire », ce sont des faits. Qui osera contester, aujourd’hui, qu’il est, en plus, un faussaire. Ce sont des faits qui sont là, têtus. Sassou Nguesso partage avec lui cette mauvaise réputation. La disparition de centaines de jeunes réfugiés rapatriés de la RDC à l’issue de l’accord entre les deux pays et le HCR en 1998, Sassou en est responsable. La faute majeure de ces jeunes : leur appartenance à la région de l’opposant Bernard Kolélas. Le régime de Sassou, c’est aussi le viol massif des femmes lors de la guerre de 1998. Ce sont des faits déjà dénoncés, il y a un plus d’un an, par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Observatoire Congolais des Droits de l’homme. Qui s’en était offusqué ? Omar Bongo, lui, se défend avec son bagout. Ses comptes dispatchés dans les Banques Européennes, l’administration Gabonaise corrompue, sa colossale fortune bâtie avec l’argent du pétrole ne sont plus qu’un secret de polichinelle. De façon prosaïque, disons que ces tyrans au petit pied, tuent, pillent, gaspillent et s’engraissent impunément. Au détriment des populations.
Ces méthodes caligulesques dignes des républiques bananières sont insoutenables. A N’djaména, Libreville et Brazzaville, il ne se passe un jour sans un pamphlet contre ces pratiques odieuses. Dans son livre « Noir Silence », François Xavier Verschave n’a pas dérogé à la règle. Il aurait tort, semble t-il, d’être Français. Qui ignore qu’en Afrique, la sagesse veut qu’on « n’offense » ni ne conteste le roi. Il est un être sacré. Déifié. Intouchable. A la vérité, il faut dire que le brûlot de Verschave est une oeuvre de salubrité démocratique dans ces trois Etats incriminés. Pourquoi y voir une offense à chef d’Etat? Le magistrat français créerait une jurisprudence dangereuse -et sans précédent- en donnant raison aux plaignants. Heureusement que le droit a été dit. La liberté d’expression et de communication est plus fondamentale en droit français que la protection de l’amour propre des chefs d’Etat.
Aussi, faut-il le rappeler, l’article 36 de la loi 1881 qui pénalise le délit d’offense à Chef d’Etat est un piège ignoré par nos roitelets d’Afrique. Archaïque, cette loi n’est pas appliquée en France depuis l’évolution des institutions de la V République… Pour avoir écrit, en 1997, que le cercle du pouvoir marocain trempe dans un trafic de drogues, « Le Monde » a été attaqué en justice pour offense au roi Hassan II. Le roi fut débouté. La même année, Jean Daniel, éditorialiste au « Nouvel Observateur », a été accusé de diffamation par le dictateur Irakien Saddam Hussein. Au procès, le journaliste échappe au couperet de la justice. C’est donc dire. Les sous fifres besogneux -conseillers de chef d’Etats- prenant souvent l’initiative de recourir à la justice pour des affaires si ridicules devraient réfléchir à une chose : l’article 36 a été inventé pour protéger un président de la république de type IIIème république ou IVème république, un président symbole qui règne au-dessus de la mêlée, qui fait appliquer une politique qu’il n’a pas inspirée ou décidée, qui est, au sens politique du mot irresponsable (dixit Cafard Enchainé).