Maître, je cesse de te vouvoyer. Puisque tu as renié ce qui nous liait, ce pourquoi, en tant que jeune frère et camarade, je m’épuisais à croire que le PS pouvait compter avec toi pour ses lendemains. Je le fais avec entière responsabilité, un gout amer entre la gorge.
Il faut avouer, Maître, que tu as su bien choisir tes mots pour nous taxer de tous les maux infamants du monde. Et sonné, je n’en revenais pas. J’ai, des yeux, fait le tour de nombre de sites d’informations, histoire de recouper les lignes pour être sûr de ce que j’entendais dire de toi. J’ai atterri sur YouTube pour télécharger les vidéos de ton podium de défilé verbal qui, à ma grande déception, a sonné tout creux et pauvre. Seule ta banderole de mise en scène donnait une indication, celle renseignant sur des pulsions anciennes d’une trahison longuement murie et apparemment soutenue par une certaine cellule de petits crimes. Cependant, je n’oublie pas que, quand Lucifer s’est entendu dire qu’il était beau, mal lui en as pris de vouloir détrôner son Créateur. La suite tout le monde la connait et c’est tout le bien que je te souhaite, Maître. Un vent poussiéreux, à ce qu’il paraît, s’annonce déjà en direction de ton sillon argileux. Auras-tu, cette fois-ci, un peu de courage en toi pour l’affronter en face et espérer laper du succulent lait de notre première des dames ? Ces messieurs et dames de la bâtisse de Mermoz et que chatouille maintenant l’air des Seigneurs ne veulent plus des inconstants, des sangsues et autres félons chez eux. Dorénavant, plusieurs d’entre eux se sont donnés pour mission d’éventrer les hyènes venues se trémousser en reines de la nuit devant leur maisonnée.
Maître, je me pose légitimement des questions. Je me remémore notre dernier coup de fil. Je me rappelle ta posture et tes propos. Et le temps passa. N’est-ce pas toi qui, aisément et avec un brin de conviction au visage, disais devant la presse, après la victoire de Macky Sall pour un second mandat présidentiel, à la Maison du Parti, dans une vidéo circulant encore dans le net, que : « Nous sommes au PS un parti organisé, nous fonctionnons avec organisation et méthode…nous avons l’habitude de discuter de choses concrètes, de débats sérieusement posés et avec toutes les instances de notre Parti… » Finalement, je me suis convaincu que tu as forcément goûté à un morceau de gâteau à la vanille, à une de ces tables du palais ou de ces huppés hôtels de Dakar. Cela, certainement pendant la dernière élection présidentielle où tu as été, au nom du respect voué au responsable premier du Parti Socialiste, dans le pool de communication du candidat Macky Sall. Le chef de cuisine ou un de ses seconds t’as assurément promis, en solo, que tu t’en lécherais les babines souvent, voire quotidiennement, si tu te laissais tenir en laisse. Désormais, à d’autres et à moi, tu renvoies l’image de ce célèbre postier, à la disposition de celui dont il garde le portail et se croyant très influent car se mirant à volonté sur les montures argentées de la poterne de son patron. Tu nous en donnes d’ailleurs la preuve, sans une once de pudeur : «…Je me mets à la disposition du Président de la République…» Objection Maître ! Ne joue ni avec les mots encore moins avec nos neurones. Assume ta honteuse transhumance.
Maître, je relève aussi comme une incohérence dans tes propos : «…la manière dont il gère le parti n’est pas convaincante…cette décision de reconduire certains camarades, est inopportune, sans intérêt pour le parti…face à une décision à tout point de vue injuste, nous préférons alerter, aviser, interpeller, secouer…le Parti socialiste vient de rater une bonne occasion de susciter l’émulation…» À mon avis, on ne quitte pas quand, véritablement, on a le souci d’alerter, d’aviser, d’interpeler etc. On s’assume vaillamment devant qui de droit, dans les cadres appropriés et sans se peindre en demi-dieu. Tu as voulu te servir de la reconduction de camarades, très longtemps militants socialistes, et dont tu ne peux aucunement prétendre être plus compétent, pour sournoisement t’éclipser. Coup de maître certes mais n’oublie jamais que le manque d’humilité a perdu Leuk le lièvre dans sa course avec dame tortue. Tu parles d’émulation mais ton attitude a fredonné un autre cantique parce qu’au lieu de penser au grand nombre et se dire que l’essentiel était dans l’intérêt commun, monsieur s’est laissé pousser un sentiment individualiste et opportuniste. C’est ce qui m’a vraiment secoué. Je ne comprends toujours pas comment quelqu’un peut porter la parole d’un Parti comme le nôtre, défendre des années durant une ligne de conduite et du jour au lendemain se déculotter si légèrement au grand jour pour du pain, d’autant plus que tu prétends, costume du dimanche et lunettes bien viciées, avoir la panse bien pleine avec à la base un métier qui te permet de gagner convenablement ta vie. Il y a incongruité. Objection Maître !
Maître, le PS est encore membre de la Majorité Présidentielle mais probablement, tu ne seras aucunement gêné, de rencontrer certains des socialistes de conviction et non du ventre dans les allées et couloirs du palais. D’ailleurs une de tes consœurs s’y parade, éhontée, parce qu’elle a finalement compris que l’orgueil et le trop de prétention ne guère service et salissent le seul trait de beauté qui puisse rester à un être sensé. Elle rira certainement de toi, pour s’essuyer les larmes. Finalement, vous êtes de ces avocats devenus des cas pathétiques pour leurs concitoyens et leur profession. Honte à vous !
À son Excellence Monsieur le Président Macky Sall, nouveau maître de tes dispositions et disponibilités, et à certains de ses lieutenants, je rappelle, en ma qualité de responsable jeune du Parti Socialiste, que nul ne peut prétendre être mon ami et avoir des visées délicates à propos de ma copine ou compagne. Qu’ils m’entendent bien et clairement. Nous avons intégralement, dignement et de tout temps respectés notre engagement aux côtés de Benno Bokk Yakaar pour le peuple sénégalais. Que tous méditent très sérieusement sur les propos du sieur Diakhaté : « Pendant 07 ans avec ses alliés historiques de BBY, renforcés par des apports nouveaux, le Président Sall s’est doté d’un solide socle politique que son parti doit jalousement protéger. Pour cette raison et par loyauté à l’égard de ses partenaires, l’APR ne peut pas servir de réceptacle aux frustrés des partis alliés du président de la République. » Une certaine décence et loyauté, un caractère élégant sont, entre autres, les clés de ce qui doit régir un partenariat. Qu’ils tâchent de point l’oublier. Dans une équipe, bafouer certaines règles ne peut être tolérable. Wassalam !
Alain SAMBOU, Secrétaire Général des Jeunesses Socialistes de Ouakam, Secrétaire Administratif des Jeunesses Socialistes du Département de Dakar,
Par Alain Sambou